Nous sommes en 1968 et cela fait bientôt 100 ans que la Poste cherche un moyen de mécaniser les opérations de traitement du courrier…
Il y a bien sur l’oblitération…ceci est fait depuis 1900!
Mais avant il y a:
– la séparation du courrier mécanisable et non mécanisable (appelé ségrégation, c’est la phase la plus compliquée)
– le redressage et le taquage (c’est également fait depuis la machine Pitney-Bowes, avec le contraste optique)
– la discrimination, c’est l’action de séparer les plis urgents (PU) des plis non urgents (PNU)
– le tri par destination
Le premier pas vers l’automatisation totale a été d’habituer le public à coller le timbre toujours au même endroit!
flamme de propagande: Coller le timbre en haut et à droite de l’enveloppe
PARIS XVI / PLACE CHOPIN
Le deuxième pas a été la mise en place du Code Postal en 1966 (alors à 2 chiffres).
flamme de propagande pour la codification des adresses
CLERMONT-FERRAND R.P. / P. DE D. en 1967
Puis le code postal à 5 chiffres à partir du 1 juin 1972.
flamme de propagande pour l’utilisation du Code Postal à 5 chiffres
93 AUBERVILLIERS PPAL / SEINE ST DENIS
Le Code Postal va permettre de mettre en place l’automatisation du tri par destination.
L’étape suivante a été l’introduction des timbres phosphorescents. En 1962, le timbre à 25c Coq Gaulois fluorescent (le Coq d’Or) a été le 1er et le seul utilisé en France. Il était un test pour le redressage des lettres par contraste optique, et n’a pas réellement servi à l’automatisation.
Il faut attendre mars 1970 avec les « République » de Cheffer, et le blason de Troyes pour voir apparaitre en secret, à Clermont-Ferrand et dans certains bureaux du Puy-de-Dome, des timbres avec barres de phosphore:
– 30c vert République, avec 1 barre de phosphore à droite (tarif PNU)
– 40c rouge République, avec 2 barres de phosphore, à gauche et à droite (tarif PU)
– 10c Blason de Troyes, avec 3 barres de phosphore (tarif PU: en complément du 30c vert)
C’est le signe des essais du système de discrimination de la machine Hotchkiss-Brandt HR1 installée à la gare de Clermont-Ferrand!
La machine sépare les PU des PNU fonction de la détection d’une ou de plusieurs bandes phosphorescentes.
Par la suite, Hotchkiss-Brandt développe la machine HR3 qui va également utiliser les bandes phospho pour le redressage des lettres. Ces systèmes seront repris sur les machines Toshiba et NEC (voir l’arrivée des japonaises).
Et c’est encore Hotchkiss-Brandt avec sa trieuse HB 300 D, qui introduit la machine de tri mécanique dès 1958.
La première machine est installée à Paris RP, et fonctionne avec 6 opérateurs qui laissent au passage des marques de contrôle sur les enveloppes. Ce tri est nommé « Tri Direct » ou « Tri Mécanique ».
Ces marques sont nommées MTM (marques de tri mécanique), à sec avant 1970, puis humide ensuite (2e période).
MTM de 2e période, opérateur I3, machine du CTC de Marseille Gare
13 MARTIGUES PPAL / B DU RHONE
à partir de 1962, une nouvelle méthode est introduite: le « Tri Différé » ou « Tri Electronique ».
Il nécessite une codification de la destination nommée indexation, qui permet de rendre la suite du tri totalement automatique. Ces marques sont nommées MTE (marque de tri automatique)
L’indexation est inscrite en bâtonnets jaunes phosphorescents suivant un code particulier. Il a existé 6 codes, fonctionnant comme le code Morse (CNET, Austerlitz 1, Austerlitz 2, PLM, Arcueil 1 et Arcueil 2).
MTE, code PLM, 78KKK, lettre petit format ayant échappé à l’oblitération,
et timbre non annulé à la distribution!
Le code indique, de droite à gauche: le n° du département (ici 78) suivi de 3 lettres (ici KKK). Chaque chef-lieu de département, ou centraux de Paris, Lyon et Marseille disposent d’un code particulier, le code KKK est destiné au « reste du département ».
A partir de 1967, le numéro de la place de codeur (PdC) est ajouté, sur le recto sous les codes . C’est uniquement une marque de contrôle.
PdC à sec (05) et tirets d’indexation fluo (code Austerlitz 1, 86VVV)
PARIS 20 / R. DES PYRENNEES
En 1973 ouvre le 1er Centre de Tri Automatique (CTA) à Orléans-La Source.
Un nouveau code est créé, La Source 1, puis sera suivi en 1974 de La Source 2. Ces codes d’indexation se présentent sous la forme de tirets rouge/orange verticaux. Le code postal est maintenant en entier dans le code.
tirets d’indexation horizontaux (code La Source 2, 86010)
92 COLOMBES / HAUTS DE SEINE
le PdC est maintenant au dos en bas à gauche.
PdC à sec (S0) CTA de Créteil Val de Marne
lettre postée à 94 L’HAY LES ROSES /VAL DE MARNE
Si l’indexation n’est pas faite au départ, elle peut être faite au CTA du département de destination avant acheminement vers la distribution:
PdC à sec (BƩ) CTA de Caen Calvados
indexation à l’arrivée sur lettre postée à 27 NASSANDRES /EURE, pour Lisieux
MTE et PdC se rencontrent également sur du courrier ne passant pas à l’oblitération mécanique, la machine d’indexation et de tri étant indépendante.
MTE (La Source 2, 86010), PdC à sec (S3), CTA de Paris 17
lettre postée à PARIS-17 / RUE-DES-RENAUDES (17°)
Les MTE sont appliquées par des personnels sur des machines appelées Poste d’Indexation.
Il existe les PIM (poste d’indexation mixte) dans les centres de tri, les PIS (poste d’indexation simplifié) dans les bureaux à gros trafic, Ce sont eux qui laissent leurs PdC!
Et dans les CTA, il y a des LIPAP (lecteur Indexeurs Prétrieurs d’Adresse Postale) entièrement automatiques, qui ne laissent pas de PdC.
PIM: PdC à sec (B□) CTA de Caen Calvados
indexation au départ sur lettre postée à 14 MEZIDON-CANON /CALVADOS, pour Lisieux
PIS: PdC à sec (8a) bureau de Honfleur
indexation au départ sur lettre postée à 14 VILLERVILLE /CALVADOS, pour Caen
(le PdC 8a a été utilisé à l’origine au bureau temporaire de la Foire de Caen)