Ligne de Trouville-Deauville à Mézidon par Dives-Cabourg et Dozulé
oblitération convoyeur-ligne de Trouville à Mézidon
C’est avec un esprit partisan que nous avons nommé cette ligne, nous aurions du la nommer « Mézidon à Dives puis Trouville-Deauville », car c’est la vérité chronologique.
Voici une petite chronologie des événements:
-En 1865, une réunion se tient au Casino de Cabourg pour la création d’une ligne Dives-Cabourg à Mézidon. Le projet est adopté définitivement en 1866 et la voie ouvre le 15 juillet 1878.
Décembre 1873, le journal annonce:
Chemin de fer de Mézidon à Dives. – Par arrêté du 18 courant, M. le préfet a approuvé les projets de stations et haltes présentés par le concessionnaire. Des stations pour voyageurs et marchandises seront établies à Beuvron, Putot, Dozulé et Dives. Des haltes pour voyageurs avec voie de garage et quai aux marchandises, seront établies dans les communes de Mézidon, Magny-le-Freule, Bissières, Croissanville et Méry-Corbon. Enfin, des haltes pour voyageurs seront établies à Hottot-en-Auge, Brucourt, Varaville, et Dives-Cabourg.
-Parallèlement, en 1875 une étude est menée pour une voie étroite entre Deauville et Dives, suivie en 1877 par une étude pour une voie large.
un journal d’août 1875 en rapporte le fait:
Voie de communication. – Il est question d’établir une voie de communication perfectionnée qui permettrait d’aller de Trouville à Villers-sur-Mer en 20 minutes. Ce serait un chemin d’un système nouveau qui comporte à la fois l’emploi de la vapeur comme force motrice et l’adoption d’une chaussée en macadam ou en asphalte, sur laquelle les véhicules seraient impérieusement guidés suivant un frayé invariable.
-En 1882, le 18 septembre, le tronçon de Trouville-Deauville à Villers-sur-Mer est inauguré.
le journal local cite une anecdote pour cette inauguration:
Inauguration. – Villers-sur-Mer était en fête ces jours-ci, à l’occasion de l’inauguration de son chemin de fer. On avait fait une souscription pour cette fête, et un des baigneurs des environs, le docteur Coupetoujours, s’était inscrit pour 50 fr. Chacun admirait sa générosité, mais la joie a été courte, car la veille de la fête, notre docteur réclama ses 50 fr., en disant qu’il en avait besoin pour une oeuvre de bien… C’était une atroce blague, car ils lui ont, parait-il, servi à payer le rémouleur qui repasse ses bistouris, lesquels n’ont assurément jamais fait de bien.
-Et le 20 juillet 1884, le dernier tronçon de Villers-sur-Mer à Dives-Cabourg complète la ligne.
-En 1881, une ligne Dozulé à Caen (étudiée en J.DZC) viendra se connecter à la ligne Dives-Cabourg à Mézidon, et donnera naissance à la ligne Trouville-Deauville à Caen, sur laquelle un convoyeur-ligne a existé.
Voici ce qu’en dit un journal de juin 1888:
Caen à Trouville. – C’est dimanche prochain, 1er juillet, que la Compagnie inaugure son service de trains de plaisir sur Cabourg, Dives, Beuzeval, Villers-sur-Mer et Trouville. Prix, aller et retour, 2 et 3 fr. Départ de Caen, 8 h. 16 ; arrivée à Trouville 10 h. 45. Départ 7 h. 35 ; arrivée à Caen, 10 h. 16.
Le profil de la ligne est le suivant:
La ligne comporte 13 stations compris la gare Trouville-Deauville que nous avons montrée dans l’article F.LTD. Mais à l’origine de la ligne, il y a 4 haltes supplémentaires qui ne figurent pas sur ce plan, soit un total de 17 stations.
Voici un horaire des trains paru dans le supplément du Lexovien du 15 octobre 1896:
I.TDM 01. TROUVILLE-DEAUVILLE départ (F.LTD)
(pour voir cette gare cliquez sur le lien ci-dessus)
Nous quittons la gare de Trouville-Deauville et prenons la ligne de Lisieux jusqu’à Touques, puis bifurquons vers l’ouest, car il faut contourner le Mont Canisy.
I.TDM 02. TOURGEVILLE
Au pied du Mont Canisy, 1ère halte:
et nous continuons le contournement du mont en direction de…
I.TDM 03. BLONVILLE
avec le développement du tourisme balnéaire, la halte prendra le nom de Blonville sur Mer/Bénerville…
et le train repart dans la plaine sablonneuse vers la 1ère vraie gare du trajet…
I.TDM 04. VILLERS-sur-MER
De nouveau la voie va s’écarter du rivage pour contourner les falaises des Vaches Noires, et desservir la halte suivante.
I.TDM 05. GONNEVILLE-St VAAST
Située sur la commune de St Vaast, cette halte prendra plus tard le nom de Gonneville-St Vaast.
Nous replongeons vers la mer pour la gare suivante.
I.TDM 06. HOULGATE-BEUZEVAL
Au début du XIXe siècle, la petite commune de Beuzeval ne compte que 300 habitants en habitat dispersé dans les terres. Le développement du tourisme balnéaire, dans la suite de la création et du développement de Deauville, donnera naissance au hameau de Beuzeval-les Bains, en bord de plage, dont le premier grand hôtel sera l’Hôtel Imbert situé entre l’actuel Houlgate et Dives, juste après le passage à niveau:
au milieu du XIXe, un second grand hôtel est construit (le Grand-Hôtel de la Plage) et un casino, entre la voie ferrée et la mer (au niveau du clocher que l’on aperçoit sur la carte ci-dessus). Ce second hameau deviendra Houlgate, qui absorbera Beuzeval-les-Bains en 1898, la commune devenant Beuzeval-Houlgate, puis simplement Houlgate en 1905.
en quittant Houlgate, nous passons le passage à niveau (vu sur la 1ère carte, avec l’Hôtel Imbert), et la ligne longe la plage en direction de Dives-sur-Mer…
Août 1912, le journal rapporte un accident mortel:
Déraillement de train. – Hier soir, un train de ballast a déraillé entre les gare de Gonneville et Houlgate, sur la ligne de Houlgate. Deux agents de la Compagnie de l’État ont été tués. Par suite de l’encombrement des voies, il en est résulté de grands retards dans le service des trains. L’employé Jean est mort. Le déraillement d’Houlgate qui a eu lieu samedi et dont nous avons parlé dans notre n° d’hier a compté au moins deux morts.
et en avril 1914:
Les trains rapides et la saison. – Jusqu’ici, les trains rapides ne fonctionnaient sur nos lignes que jusqu’au 17 septembre. Il en résultait pour la saison un préjudice très appréciable, car les baigneurs s’empressaient de rentrer à cette date. À la suite des démarches de la municipalité de Houlgate, la compagnie des chemins de fer de l’État vient de décider de prolonger jusqu’au 25 septembre le train 324 partant de Cabourg à 14 heures 30 et arrivant à Cabourg 17 heures 20.
Prenons juste le plaisir de regarder ces images des trains « sur la plage »:
I.TDM 07. DIVES-CABOURG
Et nous arrivons à Dives-sur-Mer
En août 1890, on peut lire l’information suivante:
Gare de Cabourg-Dives. – Le ministre des travaux publics vient d’adresser au conseil d’État un projet de décret tendant la réunion en une seule gare, sise entre Cabourg et Dives, de la halte de Cabourg et de la station de Dives, sur le chemin de fer de Mézidon à Dives.
C’est la station de Dives-sur-Mer qui devient la gare unique en 1891, au grand mécontentement des habitants de Cabourg!
Le tronçon I.DTM 01 à I.DTM 07 de la ligne a été fermé aux marchandises en 1985. Il fonctionne encore pour les passagers.
Quant au tronçon 07 à 17, il ferme aux voyageurs le 1 mars 1938. Il ré-ouvrira provisoirement entre 1939 et 1945. La ligne, réservée uniquement aux marchandises, ferme définitivement le 3 novembre 1969.
A Dives-Cabourg, le visiteur veillera à ne pas confondre cette ligne du réseau, qui passe en gare, pour partir droit sur la rive droite de la Dives vers Dozulé, avec le petit train à voie étroite, qui lui part DEVANT la gare, sur la route, pour franchir le pont de la Dives, et rejoindre Caen: pour celui-ci rendez vous à ligne S.CCF = Ligne de Caen à Cabourg par Franceville.
Et notre train quitte le bord de mer et reprend sa route vers la halte suivante…
I.TDM 08. BRUCOURT-VARAVILLE
Nous n’avons pas encore d’image pour illustrer cette petite halte, aussi en attendant vos contributions, nous reprenons notre cheminement vers…
I.TDM 09. DOZULE-PUTOT
La gare qui dessert Dozulé est bien située sur la commune de Putot-en-Auge d’où son nom de Dozulé-Putot, ceci afin d’éviter une descente puis une montée. En 1888, c’est là que se trouvera l’aiguillage entre les lignes de Dives à Mézidon et Dives à Caen.
Extrait d’un journal du mois d’août 1900:
La catastrophe de Dozulé. – Dimanche dernier, le train de Mézidon arrivant à Dozulé à 7 heures 21 du matin fut arrêté avant l’aiguille sur la voie sans entrer en gare. Après un moment d’arrêt, il s’avança très lentement puis s’arrêta de nouveau bloqué. À ce moment, les voyageurs purent voir l’aiguilleur fuire épouvanté, et un choc épouvantable se produisit presque au même moment. C’était le train arrivant de Caen qui, passant la gare à toute vitesse, venait le tamponné, malgré les signes désespérés du chef de gare. Le chauffeur et le mécanicien paraissaient fort joyeux et n’apporter aucune attention aux signaux qu’il leur était faits. Disons en passant que, quelques jours auparavant, le même accident avait failli arriver : le train qui menaçait de tamponner s’arrêta à moins d’un mètre de l’autre.
Le choc fut épouvantable, les voyageurs des troisièmes du train de Caen furent projetés sur les cloisons ou par dessus ; en un instant, les portières furent ouvertes et les voyageurs sur la voie. Un wagon de première classe qui se trouvait auprès d’un de troisième est entré littéralement dans le compartiment de ce dernier et les voyageurs qu’il contenait ont dû sortir sur les mains en dessous des banquettes.
Les voyageurs plus ou moins atteints dans les deux trains dépassent certainement quarante, pour la plupart blessés à la tête, un grand nombre assez grièvement, quelques-uns seulement se plaignant de douleurs internes. Tout ceux que leurs affaires appelaient partirent par les trains de Caen et de Dives sans donner leur nom ; d’autres sortirent pour aller se faire soigner en dehors, les soins n’étant nullement organisés à la gare, sinon par la femme du chef de gare, qui descendit immédiatement de l’eau-de-vie et tous les ustensiles dont elle pouvait disposer pour laver les plaies. Ce n’est qu’assez longtemps après qu’un voyageur demanda si l’on ne possédait pas de boîtes de secours ; alors on en descendit une d’un fourgon qui ne contenait, lorsqu’on eut coupé les cachets, que des flacons vides et des choses hors d’usage. Enfin une boîte fut trouvée dans la gare. Lorsque le chef de gare l’eut ouverte, quelques pansements provisoires furent faits par M. Launay, vétérinaire à Caen, qui se trouvait dans le train.
Les trains qui partaient emportaient la plus grande partie des contusionnés, qui, sous l’effet de la commotion et de l’émotion du danger couru, ressentaient moins les douleurs, qui se firent certainement sentir plus tard. Maintenant, quelles sont les responsabilités encourues ?
1° – Pourquoi le chef de gare retenait il le train de Mèzidon à l’aiguille ? Le mécanicien du train de Mezidon, voyant l’autre arrivée sur lui à toute vapeur, avait bloqué son train et était, dit-on, sauté avec son chauffeur. Aussi le train de Mèzidon supporta-t-il le choc sans reculer sensiblement.
2° – Le mécanicien et le chauffeur du train de Caen ont été bien coupables, car on ne peut alléguer le défaut de fonctionnement des freins. Le mécanicien n’était pas à son service. S’il avait passé Basseneville et si les freins ne fonctionnaient pas ou mal, il ne devait pas entrer en gare de Dozulé avec cette vitesse ; de l’avis de tous ceux qui étaient sur le quai, et ils étaient nombreux avec le chef de gare, il n’a rien fait pour atténuer sa faute.
En route pour les stations suivantes, en commençant par…
I.TDM 10. BEUVRON (en AUGE)
Cette gare devait avoir une grosse activité les jours de marché!
l’étape suivante est une halte:
I.TDM 11. HOTOT (en AUGE)
I.TDM 12. MERY-CORBON
Encore une halte, la zone des marais avec un habitat dispersé…
I.TDM 13. LION D’OR-CROISSANVILLE
Nous arrivons à la gare de Croissanville, comme pour Dozulé elle est situé sur la hauteur…au Lion d’Or.
et hop! un saut de puce et nous arrivons à la halte suivante…
I.TDM 14. BISSIERES
puis c’est la halte de…
I.TDM 15. MAGNY-LE-FREULE
encore un peu de patience, nous y sommes presque…mais Mézidon est déjà une commune très étendue, la gare se trouve entre Mézidon et Canon, au hameau du Breuil. Aussi avant d’y arriver, nous ferons une pause à la halte de…
I.TDM 16. MEZIDON (halte)
La halte est située à l’entrée de Mézidon, sur la route de Magny-le-Freule
et nous rejoignons l’aiguillage sur la ligne Paris-Cherbourg avant d’entrer dans la gare terminus de notre ligne.
I.TDM 17. MEZIDON (Gare)
retrouvez la gare de Mézidon dans notre article D.PEC (station D.PEC 14) sur la ligne Paris-Cherbourg, pour cela vous n’avez qu’à cliquer sur ce lien.