Édouard PIGNON, une histoire de plongeurs

Nous avions indiqué que certains de nos correspondants habituels, et lecteurs assidus, pouvaient être invités à se « produire sur nos pistes » ! Sous réserve d’originalité et authenticité.

C’est avec plaisir que nous recevons ici François CAS du Var, qui nous propose un sujet très proche de la Philatélie, en plein dans l’histoire de la Poste, et imprégné de souvenirs vécus, car il était à l’IRET à l’époque de cet épisode.

Ce joli témoignage sera complété par nos soins, de diverses images philatéliques, et les liens utiles qui accompagnent cette thématique.

Merci François, à toi la scène …

 

LES PLONGEURS ou la genèse d’un timbre

En me promenant dans mon musée imaginaire, je me suis arrêté sur ce timbre. Émis le 3 Octobre 1981 , il est réalisé d’après une création originale de Edouard Pignon et imprimé en héliogravure dans les ateliers de l’imprimerie des timbres postes à Périgueux

ET ALORS ? Me direz-vous…

et alors ce timbre résulte de la rencontre d’un artiste avec une administration des PTT en pleine mutation. En voici mon témoignage:

Pour de très nombreux philatélistes, ce timbre évoque simplement la mer, le soleil, le sport, la joie de vivre, et accessoirement son créateur.

Le philatéliste un peu plus curieux découvrira un artiste contemporain dont l’œuvre éclectique rappelle ses origines ouvrières, témoigne de sa personnalité par les thèmes choisis et marque son temps par la façon d’exprimer sa vision de la vie ; que ce soit par le graphisme, les couleurs ou la matière du support.

Après plusieurs périodes de réalisations concrétisant ses diverses études, E.Pignon quitte son Nord natal entre les années 1965 et 1990 pour séjourner dans le midi. Pendant ces deux décennies, l’environnement méditerranéen lui inspire une série de peintures connues sous le terme générique de « Les Plongeurs ». Parallèlement, en compagnie de Picasso, il travaille la céramique dans un atelier de Vallauris.

Je laisse le peintre à ses pinceaux pour observer ce que deviennent les PTT.

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De 1974 à 1980 un processus d’individualisation des activités de la poste et des télécommunications aboutit à une séparation budgétaire des deux entités qui restent cependant rattachées au même ministère : d’une part La Poste, d’autre part La Direction Générale des Télécommunications qui deviendra France Télécom en 1988.

1974 c’est aussi l’ouverture d’un chantier pharaonique de modernisation du réseau téléphonique national. Pour ce faire, le très grand nombre de techniciens et de cadres destinés à la construction, la maintenance et le fonctionnement de ces nouvelles infrastructures nécessite la mise en place rapide de structures de formation réparties sur tout le territoire.

En 1975, à La Londe-les-Maures, un « Institut Régional d’Enseignement des Télécommunications » (IRET) commence ses activités pour la région Provence Alpes Côte d’Azur (1: voir notes en fin d’article).

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En 1979 la direction générale, désireuse de marquer sa présence et sa détermination, passe commande à Edouard Pignon, de ce qui deviendra « Les plongeurs dans la vague ».

images Association ALPHA

 

On installe cette sculpture en 1980 dans un espace gazonné à l’entrée du centre (2) , sans tambours ni trompettes, dans l’indifférence quasi générale (3) .

image Association ALPHA (4)

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Un texte de présentation d’E.Pignon et une note de synthèse de la direction, diffusées en interne aux chefs de divisions et aux représentants du personnel, expliquent la présence de cette œuvre monumentale aujourd’hui oubliée.

texte d’Edouard PIGNON

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note de synthèse par la Direction Générale des Télécommunications

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Dans la foulée, en 1981, La Poste émet le timbre « Les Plongeurs » qui s’ajoute, complète et en quelque sorte clôture la série de réalisation sur ce thème.

De la sorte, le ministère des PTT qui demeure encore à cette époque le lien entre La Poste et la Direction Générale des Télécommunications, joue un rôle de mécène en sponsorisant la création et en vulgarisant le travail de l’artiste .

En regardant ce beau timbre, qui peut penser qu’il représente l’aube d’une  transformation cataclysmique d’un de nos plus grands et plus anciens services publics : les PTT.

François CAS

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Dans la presse de l’époque:

dans son édition du 24 octobre 1981, Le Monde publiait cet article (cliquez sur Le Monde pour lire l’article intégral).

Le lien est fait entre l’oeuvre et le timbre:

« Le thème d’une vignette issue d’une monumentale céramique, elle-même aboutissement d’une masse d’études dont les vitrines ne sont point avares, est celui des Plongeurs. Grands plongeurs blancs, ou rouges et bleus, nageurs dans la vague tour à tour bleue, verte ou rouge, ils s’incorporent à l’élément liquide. »

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Voici la notice PTT numéro 38.1981  reproduite dans Le Monde des Philatélistes n°349 de janvier 1982.

On  notera que la notice parle de la fresque de La Londe les Maures qui est dite sculpture « En mouvement ».

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Illustrations des plongeurs dans la collection philatélique:

La fiche technique du timbre

Premier jour le Samedi 3 octobre 1981
Oblitération illustrée 1er jour à Paris
Vente générale le Lundi 5 octobre 1981
Retiré de la vente le Vendredi 3 décembre 1982 – Retraits de l’année 1982
Valeur faciale : 4,00 F  – Voir les tarifs au 5 octobre 1981
Timbre horizontal   Taille image : 48×36,85 mm Dimensions totales 52×40,85 mm   Dentelure 13×12
Couleur polychrome
Imprimé en héliogravure à 25 timbres par feuille

(Source site Phil.Ouest de Bernard Lelann)

 

 

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 Note de François CAS:

-les photos de la sculpture sont prises avec l’aimable autorisation du site de l’association ALPHA: https://actionlondaise.blogspot.com

-à ma connaissance, cette sculpture n’est pas médiatisée. J’ai cherché et ne l’ai pas trouvée dans les ouvrages illustrant la carrière artistique de E. Pignon.

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Sites internet (bibliographie):

https://actionlondaise.blogspot.com/

http://www.edouardpignon.com

https://www.lemonde.fr

 

Pour aller plus loin:

vous pouvez trouver sur des sites de vente les catalogues d’exposition:

-Edouard Pignon, Peintre Céramiste à Vallauris 1951-1954. Museo Regionale della Ceramiche (Sept.-Nov.2002), puis à l’Espace Saint-Pry de Béthune et au musée de la Céramique de Desvre (Avril-Juin 2004)

-Musée de la Poste, novembre-décembre 1981 à l’occasion de l’émission du timbre « Les Plongeurs »

et en téléchargement:

-PDF du Musée d’Art Moderne de Collioure,  1er juin – 13 octobre 2013

-PDF du Musée des Beaux-Arts de Lyon, 18 mai – 28 août 2017

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NDLR:

lors de nos entretiens avec François, il nous a apporté des renseignements complémentaires qu’il nous semble utile de signaler.

1- « il existait 1 à 2 centres par régions. Pour PACA, La Londe-les-Maures et Marseille Luminy »

le centre de La Londe-les-Maures était situé dans le domaine incluant le Château du peintre Horace Vernet

(voir ce lien vers la Société Hyéroise d’Histoire et d’Archéologie)

2- « aujourd’hui cette sculpture se trouve coincée dans une zone pavillonnaire »

3- « le mécénat de la Direction Générale des Télécommunications était considéré comme du gaspillage par le personnel »

4- voici ce que vous verrez de l’oeuvre, si vous passez sur la D42A, entre La Londe-les-Maures et le Fort de Brégançon: une tache de couleur à travers la haie!

Travail et mémoire de François Cas, avec la participation collaborative de

. Michel et Sylvie CATHERINE pour les textes et liens

. Francis MARTIN pour les documents philatéliques

. Bruno BONNET, informatique, montage et mise en ligne

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