Des bateaux nommés Lisieux

ajouts du 29/09/2017 en fin de cet article

Bien que notre cité ne soit pas au bord de la mer, son nom a inspiré plusieurs armateurs au cours de l’histoire maritime, et pas seulement en Normandie.
Ce sujet fut parfois traité par différents auteurs, de manière incomplète, et avec quelques confusions que nous allons essayer de corriger.

1. Le premier LISIEUX connu est américain !

Il ne s’appelle pas Lisieux à son origine mais  LAKE FERNANDO. Nous en recherchons toujours une image, photo ou carte postale ?
Cargo construit aux chantiers « Buffalo Dry Dock C° » de New-York, il est lancé le 30 juillet 1919.
Son armateur est MUNSON Steamship line de New-York dont le secteur d’activité est la Côte américaine  sud, Golfe du Mexique, Cuba et Amérique du Sud.
Photo 1 = pavillon de Munson  (Cigarett’card n°355 LLOYD/Bremen).

En 1926, le cargo est vendu, il prend le nom de MUNAMI, Armateur Mac Cormick Steamship C° de San Francisco . Son identifiant serait LTBC.

En 1940 (27 mai)  il est repris par la France et pris en charge à Portland  (Oregon). Il est  confié en gérance (ou location)  à la C° MAUREL & PROM de Bordeaux. C’est à ce moment qu’il est renommé LISIEUX

Photo 2 = Pavillon de Maurel & Prom  (Cigarett’card n°294 LLOYD/Bremen)

1. Le LISIEUX  (27 mai 1940)

Destiné aux convois de ravitaillement pour la France, il est bloqué (certaines sources disent « interné »)  en cours de chargement à Vancouver par les autorités canadiennes.
Le Capitaine décidant de « continuer l’effort de guerre  » part avec une partie de l’équipage pour  Hallifax sur la côte Est (15 Aout).
Courte durée donc pour Maurel &Prom, le 16 Août la gestion est reprise par le gouvernement canadien  (Canadien Government Merchant Marine).
Il part pour Sydney (attention Sydney est ici au Canada au Nord de la Nouvelle Ecosse ) pour charger de la pâte à papier pour l’Angleterre.
Le LISIEUX appareille le 22 novembre 1940 pour la France… Il n’ira pas loin puisqu’il est coulé à l’est de Terre-Neuve le 27 novembre.
Un cargo norvégien  (le « Bernhard ») recueille 16 rescapés et les ramène à St John’s.
Coïncidence de l’histoire : parmi les disparus figure Jean Sebastien DARAGNES,  Enseigne de Vaisseau. Ce marin qui pourrait être inconnu, est le fils du grand graveur français Jean-Michel DARAGNES  créateur du timbre-poste « COLOMBE DE LA PAIX » paru en 1934. Il fut aussi peintre officiel de la Marine. Paix et Philatélie, guerre et Histoire postale, encore de nombreux liens ici réunis !
Photo du timbre « COLOMBE DE LA PAIX « 

Historique source recoupé avec plusieurs sites. Nous ne citons pas, car plusieurs imprécisions subsistent dans plusieurs détails (voire même des confusions grossières avec le suivant !).

2. Le second LISIEUX

Il est aussi américain à sa construction et son nom est WILLIAM PEFFER *. Mis en chantier le 16 décembre 1943, c’est un cargo type « Liberty Ship », lancé le 7 janvier 1944. (* W.Peffer sénateur populiste du Kansas 1831.1912).

En 1947 lors de l’attribution des Liberty Ships à la France, il est nommé LISIEUX et l’état distribue les cargos en location aux Compagnies Maritimes françaises en proportion de leur importance et besoins. Tous les Liberty Ships français prennent alors le nom d’une ville sinistrée par la guerre.
La Compagnie Générale Transatlantique exploite le LISIEUX jusqu’en 1949.

Photo Transat réf.  XVIIe Livret du Chargeur 1949:

En 1949 il est acquis par les Chargeurs Réunis. ( l’annuaire de la Marine Marchande 1951 précise en note « Propriété de l’Etat, en location coque nue »).
Son signal distinctif est FPRT.

En 1952 il est renommé BAR-LE-DUC

En 1954 il est acquis par une Compagnie italienne: Emanuele V.Parodi de Gênes,  pour devenir ANDREA PARODI .

Photos de l’Andréa Parodi:


En 1960 il devient ALBUR pour Plamar S.A. de Panama, sous pavillon Libérien ! Enfin, ou presque, il est repris par Olympique Maritime S.A. de MONTE-CARLO, qui était une Compagnie du grec A.Onasis.

Photos de l’Albur:

En 1962 il navigue encore sous pavillon Uruguayen pour Agencia Rio de la Plata de Montevideo.
En 1965 Flemar Ltd, compagnie anglaise spécialisée l’achète pour le démanteler, et l’enverra à Shanghai en 1969 pour destruction finale.
Il était temps !
😂 de souvenir familial et personnel, pour avoir vu dans ces années le Turckheim au Havre, ces bateaux en fin de vie tenaient autant par la peinture que la ferraille.
Dans l’océan indien il pouvait leur arriver de détourner leur route jusqu’à 15 jours pour éviter un typhon.

3. LE LISIEUX

C’est le premier vraiment construit sous son propre nom: de type paquebot Trans-Manche, il est construit en 1952 pour le compte de la SNCF aux Forges et Chantiers de la Méditerranée au Havre.
(Les archives départementales de la Seine Maritime possèdent le dossier complet de construction de ce paquebot ).
Il est d’abord opéré par la Compagnie SOUTHERN RÉGION , sur le trajet Dieppe – Newhaven.
Photo du LISIEUX rentrant à Dieppe (noir et blanc )


La légende de la carte nous indique:
Le plus moderne des paquebots SNCF . 95m. 22.000cv.
26 noeuds. 1450 passagers. Bar. Snack. Restaurant.  Cabines.

2 photos à quai, à Dieppe:

Et une photo de l’intérieur 

Les tableaux représentent: -le Carmel à gauche et -l’Avenue Victor Hugo à droite. Nous pensons qu’il ne s’agit pas de tableaux mais plutôt d’agrandissements photographiques au vue des véhicules présents sur l’image de l’Avenue.

Photo du LISIEUX  en mer  (couleur) carte anglaise de Newhaven (1964).

Il présente 2 caractéristiques marines reconnaissables:
-Cheminée de type « Strombo-Valensi » en aile d’avion.
-Étrave à redan, c’est à dire concave, la ligne verticale arrondie étant rentrante.

Ce joli paquebot est vendu en 1966 à une Compagnie grecque et assure encore longtemps la ligne Le Pirée à Mikonos. Les grecs le nomment APOLLON !
Il rendra ce bon service jusqu’en 1982.
Photo du paquebot  T.S.S. APOLLON, carte postale Compagnie « Nomikos Lines/Piraeus » (oblitérée 1962) l’expéditeur dit « je suis en route de Syros au Pirée « 

Des Naufrages et des questions:

(Nous recherchons aussi des images)

4a. ROSE DE LISIEUX

Rose de Lisieux ici sur une carte postale de Saint-Pierre de Quiberon (Morbihan) vers 1960.

4b. ROSE DE LISIEUX

Un chalutier breton de ce nom, aurait  coulé  (pendant la guerre?) .
L’épave est à 22m de profondeur, au nord de la Pointe du Grognon (proche de Groix).
Réf.  N°166 Annuaire des Epaves,  Lien Pdf  Annuaire des Epaves de la Manche et de l’Atlantique

5. FLEUR DE LISIEUX

Chalutier de Concarneau :  » le 29 juin 1943, les chalutiers à voile FLEUR DE LISIEUX  et PIERRE MARCEL rentrent à Concarneau en ayant à bord 4 aviateurs américains recueillis en mer la veille à 14 mille marins à l’ouest des Glénans. »  (Source site de la ville de Concarneau).
Mardi 19 avril 1949, naufrage du concarnois  FLEUR DE LISIEUX à l’entrée du port de Concarneau. Équipage sauf.
Source site  Saint-Guenolé par les champs et par les grèves

6. FLEUR DE LISIEUX (un autre?)

Épave de 12m, à profondeur de 23m
Chalutier coulé en 1982 près de « Basse Perenez » (en breton)  après avoir talonné sur cette roche.
Basse Perennes est un haut fond breton, proche des Glénans, interdit à la pêche  (47°41’8″N. 4°6’22″W)
Réf.  N°205 Annuaire des Epaves, Lien Pdf  Annuaire des Epaves de la Manche et de l’Atlantique

Cette carte postale oblitérée en 1961 nous montre un Fleur de Lisieux de LA TURBALLE (Loire Atlantique )
Le 5 étant lui un bateau de Concarneau, et déjà coulé en 1949, celui-ci « pourrait » être notre numéro 6. Cette attribution reste à confirmer.

En Eau Douce

7. STE THÉRÈSE DE LISIEUX

Une belle péniche, rallongée au chantier Barriol d’Arles en 1959, serait encore sur le Rhône, de même famille que propriétaire d’origine  (sa fille ?)
Elle porte le nom de STE THÉRÈSE DE LISIEUX
Péniche de type HPLM à machine à vapeur, fin du XIXe siècle, 38m50.
Coulée sur le Rhône suite à un accident, c’est à ce moment qu’elle fut renflouée, réparée et allongée à 48m.
Elle aurait pu être construite à Rouen, et son premier nom ROUENNAISE 1 ou 2 ?
Voyez un joli forum sur la vie de ce bateau avec le lien: www.vagus-vagrant.fr/

La pêche en Méditerranée

C’est avec une belle curiosité que nous avons découvert en Languedoc, sous l’inscription maritime de SETE, 3 bateaux de pêche du GRAU-DU-ROI, d’une même famille, et nommés tous 3 successivement LISIEUX. Avec l’aide de cette famille  (d’une région que nous avons bien connue) nous allons vous faire découvrir ces barques typiques de Méditerranée et dont le  nom est « MOURE DE POUAR » (on écrit aussi Mourre).

Fabriqués dans la région de Marseille, à La Ciotat, ils sont particulièrement répandus au GRAU-DU-ROI où l’on recense une soixantaine d’unités au début du XXE siècle. Ces voiles latines ont des caractéristiques bien précises  (voyez renvoi bibliographique).

Ci-dessous 2 cartes postales montrant des vues du GRAU-DU-ROI avec types de bateaux.

Mourre de Pouar  (ou  » nez de cochon ») à quai au GRAU-DU-ROI .

Retour de pêche, entrée au GRAU-DU-ROI

Pour ceux qui se sont appelés LISIEUX, de la famille GOZIOSO, les matricules sont les suivants :
> S 33
> S 1666
> S 4267

8. LISIEUX (matricule S 33 )

Le plus ancien, construit en 1904 (chantier Virgilio de Marseille) porta plusieurs noms successifs, dans l’ordre :
> ROSE-MARIE, LISIEUX, LE PESCADOU, LISIEUX, ROSA-MARIA.
Restauré et labellisé en 2005.2007 (ST 161 921) il navigue donc à nouveau sous le nom de ROSA-MARIA comme bateau « historique » sous l’impulsion de l’association « POUR LE CENTENAIRE DE LISIEUX – MOURRE DE POUAR ».

voir ce lien sur www.patrimoine-maritime-fluvial.org.

9. LISIEUX (matricule S 1666)

10. LISIEUX (matricule S 4267)

(textes en attente)

Nous remercions M. Robert GOZIOSO, M. Denis Pierre GOZIOSO et toute leur famille pour les renseignements et images qu’ils ont bien voulu nous fournir.

Bibliographie : Voir dans  » Le Chasse-Marée » (n°40.1989 p. 26/41) un article de M. Bernard Vigne, très bien documenté. Photos, cartes, plans de bateaux etc.

La pêche en Normandie

En NORMANDIE aussi, des pêcheurs, ont un lien avec Lisieux. A HONFLEUR, sur un répertoire de bateau endommagés en 1944, nous avons trouvé la trace de 4 barques de pêche au nom d’affinité lexoviennes.

Descriptif et avarie constatée

11. Matricule HO 105 . PETITE THERESE

                Chaloupe non pontée = perdue

12. Matricule HO 576. STE THÉRÈSE

               Avarie grave coque

13. Matricule HO 9.      LES BUISSONNETS

               3 trous tribord

14. Matricule HO 4.      FLEUR DE LISIEUX

               Trou cabane et perte de matériel

Un lien: bateaux sinistrés du 6 juin 44

Nous voici arrivés au bout d’une étape.

Partis d’une mise à jour des 3 premiers grands bateaux, nous sommes donc rendus à 14 identifications… c’est peu, en fait. Nul doute que partout en France, en particulier dans le dur métier de la pêche, si exposé aux risques et très croyant, de nombreuses autres embarcations ont du porter le nom de LISIEUX, ou SAINTE THÉRÈSE.

Ajouts postérieurs à notre article:

2 nouveaux bateaux de pêche, normands, viennent s’ajouter à notre inventaire: il sont liés par leur famille et leur histoire.

15. SAINTE-THERESE

est un cordier* de Saint-Vaast-la-Hougue appartenant à Louis Renet. Il a sauté sur une mine en 1945.
* Cordier = pêche avec une ligne de traîne garnie d’ hameçons et pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres. La ligne est déposée puis reprise en fin de marée.

16. SAINTE-THERESE-SOUVENEZ-VOUS

est le bateau suivant, du même propriétaire, construit à  Barfleur en 1948. (Entre les 2, un bateau de remplacement nommé Edwige sauta aussi sur une mine avec tout son équipage : une catastrophe faisant 25 orphelins).
Le « Sainte-Thérèse-Souvenez-vous » est en ce moment en cours de restauration et une exposition a lieu à Tatihou.
Voyez sur Google :
Ste Thérèse cordier de St Vaast
Remerciements pour ces informations à Pierre CATHERINE (Ancien marin au long-cours années 60, Chargeurs Réunis et Compagnie Génerale Transatlantique ).

Nous sommes preneurs de tout autre bateau  nommé Lisieux, Thérèse ou Sainte Thérèse… avec photo et identification.
NDLR: Attention aux confusions possibles avec Ste Thérèse d’Avila ! Et nous ne retiendrons que le XXe siècle.

2 Comments

  1. Bonjour,
    Vous numérotez « Second Lisieux » le cargo « liberty ship » William Peffer.
    C’est le Deuxième Lisieux, (et non « second ») car plusieurs navires après lui ont repris le nom Lisieux.
    Cordialement

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