H.LOT

Ligne de Lisieux à Orbec, à La Chapelle-Gauthier et à la Trinité-de-Réville

La ligne d’origine (ouverte en 1873) va de Lisieux à Orbec.

lettre postée à la station de La Chapelle-Yvon

et levée par le convoyeur-ligne Orbec à Lisieux

Elle est ensuite prolongée jusqu’à la Chapelle-Gauthier, puis est raccordée à la ligne de Ste Gauburge à Bernay (voir M.SGB) en gare de La Trinité-de-Réville.

Cela explique que nous aurons des cachets convoyeur-ligne Ste Gauburge à Lisieux.

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Un peu d’Histoire et de Géographie:

La vallée de la rivière Orbiquet va de La Folletière-Abenon à Lisieux, sur un parcours d’environ 30 km compris ses méandres.

L’Orbiquet prend sa source à La Folletière-Abenon à 3km au sud d’Orbec, et se jette dans la Touques à Lisieux. C’est une « source vauclusienne »*  d’un débit d’environ 450l/s, elle est considérée comme étant la 4e source vauclusienne de France.

Son débit très important a été exploité dès le XIIe siècle et au plus prés de la source (comme en témoignent les ruines d’un moulin du XVIIIe siècle, à 60 m de la source). Au milieu du XIXe, c’est environ 60 moulins ou usines qui utilisent son cours! (voir Les Cahiers des Archives départementales du Calvados-n°7 de 1996)

Les industriels vont vouloir profiter du chemin de fer pour développer leurs industries…

Dans un journal d’Aout 1868:

Décision du Conseil général.   –   La session du Conseil général, commencée le lundi 24 août, a été terminée lundi dernier, à trois heures. Parmi des décisions prises par le Conseil, nous devons une mention toute particulière à l’approbation qu’il a donné, samedi, à la construction des chemins de fer départementaux :

  Chemin de fer de Caen à Courseulles, passant par Cambes, Mathieu, Douvres, Luc, Langrune, Saint-Aubin, Bernières.

  D’Orbec à Lisieux, sur une longueur de 16 kilomètres.

  De Falaise à Pont-d’Ouilly, à un point de raccordement sur la ligne de Caen à Flers.  

Pour compléter l’information sur le trafic marchandises de la région d’Orbec, désenclavée grâce au train, un bon de livraison en gare pour 5200 tuiles de Beauvais en 1951. Une indication également de la diversité des approvisionnements de l’époque, notre région proche ne manquant pas pourtant de tuileries ?

Ce propos est aussi l’occasion de montrer le sens de nos recherches, qui consiste chaque fois que possible  à rapprocher les histoires, et nos collections,  entre elles. Nous ajoutons une image :
Action au PORTEUR  des TUILERIES DE BEAUVAIS de 2500F
(1919. Imprimerie E.Desfossés-Neogravure.Paris).
Collection R.R. Lisieux.
Cette ligne sera exploitée par une compagnie privée « La Société Anonyme du Chemin de Fer d’Orbec à Lisieux » fondée le 3 octobre 1871. En 1881, la ligne intègre les Chemin de Fer de l’Etat qui en confient l’exploitation à la Compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest. En 1882, le tronçon de Orbec à La Trinité-de-Réville est ouvert à l’exploitation (voir en fin de cette article). Fermée aux voyageurs en 1934, la ligne sera définitivement fermé en 1956.

*: Adj., GÉOL. Source vauclusienne. Résurgence d’une rivière souterraine, à la façon des eaux de la Fontaine de Vaucluse. Les sources des terrains calcaires ou sources vauclusiennes (WidalLemierreAbrami dsNouv. Traité Méd.fasc. 31927, p. 35)

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Voici le profil de la ligne:

Attention, notre numérotation « roule » de haut en bas, en partant de Lisieux.
Glos, Mesnil-Guillaume, St Pierre-de-Mailloc, Orbiquet et La Folletière sont des haltes-voyageurs qui n’existent plus sur le schéma de 1957, nous les avons ajoutées manuellement. Et nous notons que la SNCF avait toujours le plan de la ligne dans son édition de 1957 bien que celle-ci soit fermée de l’année précédente.

La ligne comporte 11 stations compris Lisieux, nous commençons cet article en gare de Lisieux:

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H.LOC 01. LISIEUX départ

En gare de Lisieux, la voie pour Orbec est la voie la plus à l’Ouest. La ligne emprunte les voies du Paris-Cherbourg jusqu’à Glos, puis reste dans la vallée de l’Orbiquet (plein sud) alors que le Paris-Cherbourg prend la vallée de la Courtonne (au sud-est).

On voit sur la carte ci-dessus le panneau indiquant la voie d’Orbec, et sur la carte ci-dessous le train d’Orbec en gare de Lisieux (sur la voie de droite). Le train au 1e plan est le Paris-Cherbourg.

Et nous partons pour la station suivante…

 

 

H.LOC 02. Glos

à 5 km, nous arrivons à la première station

Cette station destinée au trafic voyageurs ferme en 1934 comme la station suivante située à 2km…

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H.LOC 03. MESNIL-GUILLAUME

Encore 1,7  km pour arriver à…

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H.LOC 04. St MARTIN-de-MAILLOC

La station de St Martin-de-Mailloc sera conservée jusqu’à la fermeture de la ligne en 1956, pour desservir les usines encore en activité.

Désolé…nous n’avons pas trouvé d’image de la station,

Etape suivante à 3 km…

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H.LOC 05. St PIERRE-de-MAILLOC

Ici encore, une halte-voyageurs fermée en 1934.

poursuivons notre voyage pour 2km jusqu’à…

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H.LOC 06. La CHAPELLE-YVON

Gare fermée aux voyageurs en 1934 et aux marchandises en 1956

le journal de juin 1877 nous apprend:

Déraillement.  –  Dimanche, le train partant de Lisieux à 4 h. 40 m. du soir, pour se rendre à Orbec, a déraillé en arrivant à la gare de la Chapelle-Yvon, à 30 mètres environ avant de s’arrêter. La machine et trois wagons de marchandises seuls ont déraillé, les voitures contenant les voyageurs n’ont éprouvé qu’un léger choc, et il n’y a eu aucun accident de personnes, ni de matériel à déplorer. Le train a seulement éprouvé un retard de 5 heures, le personnel de la  Compagnie n’ayant pas eu sous la main l’outillage nécessaire pour remettre la machine et les wagons sur la voie. La cause de ce déraillement est attribuée à la manière défectueuse dont l’aiguillage a été opéré.  

Le train remis sur les rails, la gare suivante est à 3km…

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H.LOC 07. St MARTIN-de-BIENFAITE

Avec ses usines dont certaines existent encore aujourd’hui, la gare ne ferme qu’en 1956.

Halte suivante à 2.5 km…

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H.LOC 08. ORBIQUET

Ici également, nous manquons d’iconographie. Cette halte-voyageurs ferme en 1934.

Et à 2 km, nous arrivons au but des créateurs de la ligne…

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H.LOC 09. ORBEC
 

En août 1879, dans le journal:

Le matériel ferroviaire.  …Le type de machine de la ligne d’Orbec convient assez bien aux conditions du trafic : trains généralement peu chargés marchant, sauf le train  3 à petite vitesse. Le diamètre des roues serait trop faible pour de grandes vitesses. Cependant le train n°3 parcourt les 19 kilomètres de la ligne en 38 minutes, ce qui fait une vitesse moyenne de 30 kilomètres à l’heure, et une vitesse normale, en pleine marche d’environ 50 kilomètres à l’heure, si l’on tient compte du temps perdu aux 7 stations, cette vitesse n’a en pratique aucun inconvénient, elle ne donne aux machines aucune allure fâcheuse. Bien que les essieux ne possèdent pas de jeu latéral élastique, le passage dans les courbes se fait sans difficulté, ce qui tient surtout au faible écartement (2m70) des essieux extrêmes…

Et dans le journal de juillet 1931:   

Électrification de la gare – Par décret, la commune d’Orbec est autorisée à emprunter une somme de 22.000 francs,remboursable en trois ans, au moyen du produit de surtaxes locales temporaires, en vue de l’installation électrique et de l’allongement du quai voyageur (côté pair) de la gare.  

Une petite pose et nous repartons pour 3 km jusqu’à la halte suivante…

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H.LOC 10. La FOLLETIERE-ABENON

Halte-voyageurs très discrète…

arrêtons-nous à la source de l’Orbiquet, et buvons un bon verre d’eau fraîche* à mi-chemin entre Orbec et la gare suivante à 3km..

*: joli endroit calme et reposant pour un agréable pique-nique en famille

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H.LOC 11. La CHAPELLE-GAUTHIER

Nous avons quitté le Calvados pour entrer dans l’Eure. Voici la fin officielle de la ligne suivant le plan de 1957.

Mais la ligne se poursuit encore sur 5 km pour relier la gare de La Trinité-de-Réville.

Cette gare est officiellement sur la ligne de Ste Gauburge à Bernay, mais une liaison régulière existe entre Ste Gauburge et Lisieux. Nous pouvons voir sur la carte ci-dessus les 2 trains en gare: celui de Lisieux, et celui de Bernay.

La ligne de La Trinité-de-Réville à Orbec a été déclarée d’utilité publique en 1875. En 1879, les terrains où doit passer la ligne font l’objet de cessions,

ou d’expropriation…

La ligne est construite en 2 ans, et ouvre en 1882 assurant ainsi la jonction entre les lignes Paris-Cherbourg et Paris-Granville depuis Lisieux ou Ste Gauburge.

Nous notons au passage que le réseau indiqué sur les actes est « d’Orléans à la mer »…tous les chemins mènent à Rome!

 

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