Le chiffre Taxe 2 clouté de Trouville

Ajout le 30/10/2019 en fin d’article

La rentrée approche à grands pas, nous vous proposons donc de commencer ce nouveau cycle par un article marcophile concernant un épisode peu connu de notre histoire postale normande.

Cet article est de Gilles FEUTREN (SPAL) et Michel CATHERINE (CPL 14 et Union Marcophile), il est paru dans le numéro 177 de la revue le Trait d’Union de l’Association SPAL en juin 2019.

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Enquête sur le chiffre Taxe 2 clouté

de Trouville en 1871

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Le chiffre taxe 2 clouté de 1871 est une marque extrêmement rare dont le premier exemplaire fut découvert en 1973.  L’un de nous (MC, à l’époque chez IMAGE DOCUMENT),  se souvient encore de Géo Dreyfuss montrant à Georges Petit le premier 2 clouté acheté une heure auparavant chez Jean Pothion.  Ce chiffre taxe est dûment répertorié dans les ouvrages traitant de l’histoire postale de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 (Bournique 1996).  Il s’agit là d’une curiosité du fait de sa rareté et du caractère unique et manifestement improvisé de sa fabrication.

lettre « Pechrerty » du 2 mars de Paris pour Trouville

 

Des éléments nouveaux sont venus jeter une lumière inattendue sur cette curiosité.  Notre collègue Serge Lasserre a pu identifier quatre lettres comportant le chiffre 2 clouté (tableau ci-dessous).  Deux évidences s’imposent : d’une part toutes quatre sont exclusivement à destination de Trouville-sur-Mer (Calvados), en provenance de Paris ; d’autre part la période d’utilisation est limitée à trois jours, puisqu’une lettre a été expédiée le mardi 28 février 1871 et trois autres le jeudi 2 mars 1871.  La lettre « de Croissy » oblitérée à Paris le 2 mars, arrive à Trouville le 5 mars empruntant l’ambulant Caen-Paris.  Il en est de même pour la lettre « Pechrerty ».  Nous n’avons pas vu le verso des deux autres plis.

 

Il semblerait donc logique que le chiffre taxe 2 clouté ait été apposé à Trouville, mais cette ville n’ayant jamais été occupée par les prussiens comme nous le reverrons, le mystère reste entier.

 

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Le Calendrier des événements

Revenons sur quelques dates clés de cette période :

La convention d’armistice du 28 janvier stipule (http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/) :

Signée par Jules Favre, ministre des affaires étrangères et Otto von Bismarck, chancelier d’Empire depuis la proclamation de l’empire allemand le 18 janvier 1871, cette convention d’armistice est suivie de la convention postale du 3 février qui met en place le double affranchissement pour les relations postales entre les territoires occupés par les forces allemandes (TO) et le territoire non-occupé (TNO).  Les principales dispositions en sont les suivants :

Dans les lignes suivantes nous allons tenter d’apporter des réponses à la question centrale de savoir si un double affranchissement allemand était requis à Trouville ou sur tout ou partie du trajet Paris-Trouville, et à quel endroit la taxe aurait-elle pu être appliquée.

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Situation de Trouville et de Honfleur à la fin des hostilités

En 1871 la commune de Trouville-sur-Mer, située en bord de mer, fait partie du canton de Pont-l’Evêque, commune située à une dizaine de kilomètres de la mer (carte 1).  La ligne de démarcation de l’armistice suit initialement le cours du petit fleuve côtier La Touques qui relie Trouville à Pont l’Evêque.  La route et la voie de chemin de fer suivent ce même parcours.  En 1871 Trouville n’est accessible aux courriers qu’à partir de Pont-l’Evêque, la route côtière entre Honfleur et Trouville n’existant pas à cette époque.  Selon la convention d’armistice, Trouville, Pont l’Evêque et Lisieux, le chef-lieu d’arrondissement, se situent dans la zone neutre des 10 km.  Ces communes n’ont donc jamais été occupées par les armées prussiennes. L’absence d’occupation est confirmée par la presse locale (Journal de Bayeux et de Pont l’Evêque, Journal du Pays d’Auge) ainsi que par une plaque commémorative (ci-dessous) apposée à Trouville sur l’église Notre-Dame des Victoires qui mentionne : « Hommage rendu à la Sainte-Vierge sous l’invocation de Notre-Dame des Victoires par les habitants de Trouville-sur-Mer préservés de l’invasion prussienne arrêtée dans sa marche à Honfleur par l’armistice du 28 janvier 1871 ».  De mémoire des anciens, quelques uhlans étaient semble-t-il venus à Trouville depuis Honfleur, mais pour se distraire au casino et non pour occuper la ville.  Trouville était donc en TNO.

 

Le port de Honfleur, situé à une dizaine de kilomètre de Trouville à vol d’oiseau n’eut pas la même chance.  Honfleur n’était pas occupé le 28 janvier à la signature de l’armistice mais fut investi par les allemands le 15 février, malgré les protestations du maire et du préfet.  En effet Honfleur, situé juste à la limite de la zone démilitarisée était un point stratégique pour contrôler, à portée de canon, le camp retranché du Havre, toujours français, et son trafic maritime.  Les allemands se retirèrent de Honfleur le 5 mars, soit trois jours après la ratification des préliminaires de paix qui incluaient le retrait immédiat des troupes allemandes situées à l’Ouest de Paris. Les départements du Calvados et de l’Orne furent totalement libérés le 9 mars.  Contrairement à Trouville, Honfleur était donc en TO pendant la période qui nous intéresse.

Quant à Lisieux, chef-lieu d’arrondissement et situé en zone neutre, la ville ne fut jamais occupée.

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Communications Ferroviaires et Postales Paris-Trouville

La ligne de chemin de fer de Lisieux à Trouville-Deauville avait été ouverte au public en 1863 pour favoriser le développement de la station balnéaire de Deauville récemment créée.  Un embranchement vers Honfleur existait à Pont-l’Evêque (carte 1).

(ndlr: voir aussi notre article Le Chemin de Fer en Pays d’Auge)

Après l’armistice le trafic ferroviaire depuis Paris, toujours sous contrôle allemand hors des fortifications, se remet lentement en place.  Le premier train postal allemand Versailles-Le Mans circule le 12 février, et le premier train de voyageur Paris-Saint-Lazare – Argentan circule le 18 février, sous autorité allemande d’Asnières (banlieue nord) à L’Aigle* (Journal des Chemins de Fer).  Mais il ne s’agit pas là de la ligne la plus directe vers la Basse-Normandie, passant par Mantes et Evreux, qui restait perturbée par la destruction de nombreux ponts ferroviaires, à commencer par celui de Bezons au nord de Paris.  La circulation des trains était donc détournée vers Dreux et L’Aigle en passant par Versailles où était établi le quartier général allemand (carte 2).

(*ndlr: à cette époque, L’Aigle s’écrit Laigle comme sur la carte 2 ci-dessous) 

Les dépêches postales au départ de Paris pour Trouville étaient donc échangées avec l’office allemand à la gare de Versailles où elles étaient acheminées par le service allemand jusqu’à L’Aigle avant que le relais ne soit pris par le service français jusqu’à Argentan, puis Caen.  Sur le trajet de retour qui passait par Lisieux, la dépêche pour Trouville était alors confiée au convoyeur de la ligne Lisieux-Trouville, toujours par la poste française.

Le Journal de Lisieux et Pont l’Evêque en date du 17 février 1871 rapporte une anecdote intéressante : « Un brave trouvillais, ancien sergent de ville à Paris, s’était chargé dès le premier jour de l’armistice, avec le consentement de la poste, de faire entrer à Paris plus de 700 lettres trouvillaises ; le départ du courageux voyageur avait été solennellement annoncé au prône de la messe paroissiale et un tronc avait été dressé pour subvenir aux frais du voyage… Le digne Trouvillais, tout en passant les wagons prussiens, était arrivé à remplir sa mission… Il avait dépensé 300 francs et il en avait recueilli 400 !  Les Trouvillais ou plutôt les Parisiennes ont là une dette à solder ».  Un transport clandestin de courrier est donc attesté dans le sens Trouville-Paris.

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Taxation de Paris à Trouville

Il découle de l’analyse de l’acheminement postal que les lettres pour Trouville ne semblent pas ressortir d’une double taxe allemande car Trouville était situé en TNO.  S’agirait-il d’un remboursement du droit de transit allemand dans l’hypothèse où celui-ci serait de 10 Francs par kilo ?  Mais pourquoi celui-ci serait-il limité à Trouville ?  Le chiffre taxe 2 clouté étant strictement limité aux lettres pour Trouville, le plus probable serait en effet que cette marque ait été apposée à Trouville et non par les postiers français à Paris ou dans l’ambulant de Caen, ou par des postiers allemands à Versailles d’autant que la gare de Versailles n’était qu’un lieu d’échange des dépêches pour le TNO sans autre intervention postale.  Le fait qu’il s’agisse d’un chiffre 2 (décimes) plaide pour une taxe (supposément allemande) apposée par un français car les taxes allemandes étaient habituellement libellées en centimes (chiffre 20).  De même la nature improvisée du matériel pose problème car en l’absence de tampon-taxe, les allemands marquaient les taxes au crayon bleu.

Il ne peut être totalement exclu que la dépêche de Trouville ait été d’abord dirigée sur Honfleur (alors en TO), ouverte et taxée à ce moment avant d’être réacheminée vers Trouville, mais pourquoi dans ce cas n’y aurait-il pas de marque de passage à Honfleur ?  Par ailleurs un tel acheminement par Honfleur aurait été anormal et rien n’indique qu’il ait pu avoir lieu.  Les remarques précédentes sur l’improvisation de la marque cloutée s’imposent aussi comme incohérentes avec les pratiques et la discipline de la poste allemande.

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Qu’en est-il alors du chiffre 2 clouté

En l’absence de justification réglementaire pour l’apposition d’une taxe allemande de double-affranchissement nous suggérons que le chiffre taxe 2 clouté apposée le plus probablement à Trouville avant la distribution du courrier constitue une marque irrégulière.  Mais pour quelle raison ?  Nous en sommes réduits aux conjectures.  S’agit-il de la rétribution d’un acheminement privé, ou de l’indemnisation a posteriori du transport clandestin cité le 17 février ?  Ou bien un postier indélicat aurait-il voulu tirer avantage de la fin du double affranchissement, une hypothèse improbable si l’on pense aux risques de sanction encourus.  Ou encore un postier aux sentiments farouchement républicains aurait-il voulu taxer les effigies de Napoléon III présentes sur toutes ces lettres au lieu du 20c Cérès ?  Ou enfin s’agirait-il d’une marque d’humour célébrant la fin des taxes allemandes avec une marque signifiant « des clous » !  Nous ne le saurons sans doute jamais.

De nouveaux éléments pourraient faire progresser cette enquête.  D’autres courriers adressés de Paris à Caen et à la région de Lisieux entre le 29 janvier et le 15 mars 1871 seraient particulièrement informatifs.  Cela concerne en particulier les communes de Trouville, Honfleur, Pont l’Evêque, Blangy-le-Château et Lisieux.  Cependant Trouville avait-il sans doute le plus grand flux de courrier à ce moment du fait de la présence des familles parisiennes qui y séjournaient.  Les documents anciens de Lisieux quant à eux sont devenus particulièrement rares car la ville fut dévastée en 1944 lors des combats de la bataille de Normandie.  Les auteurs remercient d’avance tous ceux qui pourraient nous fournir la copie de tels documents.

Gilles FEUTREN (SPAL) et Michel CATHERINE (Cercle Philatélique Lexovien et Union Marcophile)

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Ajout important du 24/10/2019 

Il est des jours, rares mais savoureux, où le facteur est comme le Père Noël ! Ce genre de miracle s’est produit mardi 22 (comme 2 et 2 font CAT) .
A la suite de la publication du  » 2 clouté  » (ci-dessus) vieille histoire trouvillaise qui nous tient à cœur, un de nos correspondants avait demandé une « copie » papier du sujet, n’ayant pas internet, ce que nous fîmes volontiers.
Il faut préciser ici que ce grand collectionneur fut il y a déjà 45 ans, un client de notre magasin trouvillais… au fil du temps, une réelle sympathie à chacune de ses visites et des liens d’amitié se sont tissés, qui perdurent dans nos retraites respectives.
 Ce Monsieur très âgé n’ayant pas internet, nous nous écrivons régulièrement « à l’ancienne », avec les délais que cela représente, et il s’en excuse :
 » si je ne vous ai pas remercié plus tôt, c’est que je cherchais dans mes archives (mon fouillis, mon b.. devrais-je dire) les deux documents ci-joints que je me permets de vous offrir… ils ne sont pas postaux…  ils vous intéresseront peut-être »  (Le peut-être est amusant).
   C’est ainsi, avec beaucoup d’émotion que nous avons découvert cet envoi, et nous allons le faire découvrir à tous nos lecteurs.
Au préalable il nous faut lui dire un grand MERCI,
 Je vais lui écrire.  Son grand âge, et la discrétion, nous amènent à ne pas le nommer, pour sa plus grande tranquillité : il est dans notre cœur !
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Nous présentons ici un document exceptionnel, il valide des informations jusque là supposées ( ou dans le meilleur des cas « vues ou lues » quelque part)  par une pièce authentique indiscutable :
Le LAISSEZ-PASSER d’un voyageur, qui se trouve physiquement dans le train de Paris à Caen du 15 février 1871.
Monsieur MARTIN-BARON, 52 ans, propriétaire de profession, habitant 101 rue de Lille, souhaite se rendre à Caen pour affaire de famille. Normal peut-être mais pas simple à cette date. Le document est daté du 13, mais nous allons voir que le train est le 15.
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Le document présenté est français, en deux parties, au format 423x290mm (type A3 actuel), gauche en français,  droite en allemand, les cachets officiels et signatures de référence sont imprimés, le cachet bleu ville de Caen est encré.
Les textes ajoutés manuscrits sont en français et allemand.
Ce document nous fait découvrir le voyage exact du train du 15 février :
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. Ligne 7 des renseignements : Aller et retour « de Paris à Rennes et Caen et retour.
. Ligne 8 des renseignements : Rennes Avranches St Lo et Caen
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Ce trajet qui passe à Rennes, Avranches St Lo et Caen nous semble inédit. Il faut ajouter que n’est pas cité Lisieux, ce qui indiquerait  que le timbre à date d’ambulant des lettres connues pour Trouville , serait un autre train de Caen à Lisieux ?
Ou bien la prolongation du voyage de celui-ci, ce qui expliquerait le délai au 20 février pour le retour. La possibilité d’un seul et unique train reste à considérer ?
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À droite en bas, dans la partie allemande, un contrôle allemand (Prussien) manuscrit indique:
« Pass.Asnières 15/2/71 » / signature / suivies d’abréviations non identifiées.
Pass signifiant « passé »  (passiert en allemand) confirme, comme imprimé côté gauche français et droit allemand, que ce train est sorti par le pont de la Seine à Asnières… et a été contrôlé, voyageur par voyageur en ce lieu, puisque la mention figure sur le document original.
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Enfin partie gauche, en bas, est spécifié le retour:
 Le cachet administratif bleu aux armes de la Ville de Caen certifie la mention manuscrite qui précise le retour:
 » vu pour retourner à Paris par Argentan »
Ce n’est pas un détail : ceci indiquerait que le retour ne se fait pas par le grand détour de la Manche et de Rennes, mais plus direct par Argentan  comme déjà indiqué dans notre article de base.
en rouge, aller de Paris à Caen avec laisser-passer,
en jaune Caen à Trouville par le train « ordinaire »
en vert, retour supposé
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Voyons désormais le deuxième document de l’histoire.
Notre deuxième document paraît plus simple,  mais oh combien complémentaire de notre recherche.
Émile Alexandre MARTIN-BARON refait une demande de voyage à Caen, pour affaires de famille:
Le LAISSEZ-PASSER est d’un modèle différent, le format vertical de 305x200mm sur une seule page bilingue, avec mêmes  cachets et signatures que le précédent, est imprimé en Février.
C’est un nouveau modèle (le précédent imprimé n’indiquait pas le mois) et le mois est biffé pour usage le 4 mars.  Cette date étant celle du document, elle concerne un voyage du 5 ou 6.
La particularité est que le voyage n’est désormais plus détaillé, mais formulé « Ligne de l’Ouest ».
Nous pensons que ce document permet de compléter et resserrer les informations sur le trafic ferroviaire à une date précise « 4 mars » avec une certaine « normalisation « , sachant par ailleurs que des ponts étant encore coupés vers Mantes et Evreux, le trajet se fait toujours par Argentan et Caen, puis Lisieux et Trouville pour nos lettres.
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 C’est plutôt très rare, dans une recherche de ce genre et dans une période aussi troublée,  d’avoir la preuve d’éléments certains par un témoin se trouvant « dans le train » (cf contrôle prussien de Asnières le 15 février ).
Ceci justifie la rapidité avec laquelle nous avons plaisir à le partager avec nos lecteurs.
Dessin de F.Lix, gravé par Trichon
Réf. Armand DAYOT. « L’invasion, le Siège 1870, la Commune 1871 » page 174 (ed. Flammarion vers 1900).
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Notes :
Emile Alexandre MARTIN-BARON (source Généanet.org)
Né le 2 décembre 1818 – Paris, 75002, Paris, Île-de-France, FRANCE
Décédé le 23 novembre 1880 – Lion-sur-Mer, 14780, Calvados, Basse-Normandie, FRANCE, à l’âge de 61 ans
Avocat, 82 rue de Lille à Paris successeur de Joachim Louis François RIGAULT
Marié le 17 juin 1850, Paris, 75002, Paris, Île-de-France, FRANCE, avec Marie-Claire PAPILLON 1825-1892
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Le Préfet est Ernest CRESSON, avocat, bâtonnier, puis Préfet de Paris.
On remarque au passage qu’il a démissionné de son poste de Préfet en février ! Le document présenté le 4 mars était donc « inexact » et un prussien pointilleux eut pu le refuser, encore fallait-t-il connaître le nom du Préfet.
(Une rue de Paris dans le XIVe porte son nom).
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Voici la 2e signature à droite du document:
(Réf. DAYOT page 168, même source que gravure visas).
La légende comporte une faute sur le nom VALDAN

Le général Charles Auguste Mathias HORIX de VALDAN (source Généanet.org)

Saint-Cyr (10e, entre 1827 et 1829), Général (**) de Brigade (2 août 1869 – État-Major)

Né le 16 mars 1810 (vendredi) – MANHEIM (Allemagne)
Décédé le 5 janvier 1883 (vendredi) – L’ISLE ADAM 95, à l’âge de 72 ans
Inhumé en janvier 1883 – L’ISLE ADAM 95
Chef d’Etat Major de la division de Constantine, général de brigade
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Collection Sylvie & Michel CATHERINE
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Pour ajouter aux éléments nouveaux présentés ici, voici une autre lettre adressée à Parisse, 39 rue d’Orléans à Trouville (*)
Nous constatons :
. Elle est postée à Paris le 16 février / 5e levée
. Elle prend l’ambulant Caen-Paris le 19 jusqu’à Lisieux.
. A Lisieux, la dépêche n’est pas manipulée, elle est remise au convoyeur de Trouville-Deauville.
. Dans la dépêche (convoyeur) jusqu’à Trouville, qui l’ouvre, elle est mise en distribution le 20, timbre à date type 17 au verso.
. Aucune trace de  » 2 clouté  » à cette date.
Nous supposons, que cette lettre a pris le train suivant celui du « laissez-passer » présenté  ci-dessus. Soit le 17 ou le 18 (y avait-t-il un train tous les jours ? Cqfd)
Rien n’indique que, comme notre voyageur, la lettre ait fait le grand tour par Rennes, Avranches, et Saint-Lo.
Nous pensons tout au contraire qu’il pourrait s’agir ici du premier train « direct » ! Par Argentan et Caen, sans détour ?
    C’est ainsi, à l’aide de lettres anodines en apparence, que nous arriverons à dater tous les trains de Paris à Caen, Lisieux et Trouville, permettant de resserrer l’étau sur notre 2 clouté !
(Remerciements pour cette pièce marquante à notre ami Richard FARABI / Cercle philatélique lexovien.)
* 2 autres lettres connues sont en dehors des dates utiles à cette recherche (collection RF)
Appel: nous sommes toujours intéressés à voir d’autres lettres adressées de Paris à Trouville (et toutes communes entre Lisieux et Trouville )  entre le 15 février et le 5 mars 1871. Merci.

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Tous nos remerciements vont à Serge LASSERRE (SPAL) qui nous a mis sur la piste de cette enquête, à Jean MOISY (association du musée de Trouville) qui nous a communiqué des informations historiques sur Trouville à cette période, à Hubert MOISY (association philatélique et cartophile de Trouville) pour les copies des deux lettres avec taxe 2 clouté de sa collection et enfin aux membres du Cercle Philatélique Lexovien pour les informations sur les convoyeurs et ambulants de Lisieux.

Sources :

Dreyfuss G, La marque de taxe allemande du « 2 clouté » 1871, Feuilles Marcophiles 1976

Bournique JP, Occupation de la France et annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Allemange 1870-1872, SPAL, 1996

Furon GA, La guerre de 1870-1871 en Normandie, Editions Corlet, 2007

La presse régionale de janvier-février-mars 1871 accessible sur le site Gallica (BNF): Le Journal de Lisieux et de Pont l’Evêque, l’Echo Honfleurais, l’Echo Bayeusien, Le Journal des Chemins de Fer, Le Pays d’Auge.

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NDLR:
. Géo DREYFUSS: propriétaire des Corderies du Thillot (Vosges) grand collectionneur d’Alsace-lorraine et guerre de 1870.71, entre autres. Il était membre de l’Académie de philatélie.
. Georges PETIT: (ancien SNCF), à cette époque il était chez IMAGE-DOCUMENT responsable du service histoire postale et marcophilie. Rédacteur en Chef des Feuilles Marcophiles durant de longues années et membre de l’Académie de philatélie. Par ailleurs fut également vice-président du Cercle français des collectionneurs de cartes postales.
Michel CATHERINE: À cette époque aussi chez IMAGE- DOCUMENT, rédacteur des catalogues de ventes, auprès de G.Petit (1973.1978).
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pour ceux qui veulent aller plus loin:

Pour ceux qui veulent aller plus loin dans les déplacements ferroviaires de 1870.1871 voyez ce bon site qui donne des renseignements précis sur d’autre lignes et régions de France, ainsi que de nombreuses dates utiles.
Pour le « train postal allemand » c’est au paragraphe 51 de la page accessible directement par notre lien ci-dessus..

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