Trouville-Deauville : Le train allemand de 1942/1944

Nous vous faisons découvrir aujourd’hui un sujet qui nous semble inédit. Non pas qu’il soit inconnu de tous, mais que rien de précis n’ait été publié sur ce train, connu seulement  « de souvenir visuel » des habitants de notre région.
L’occupation, les vicissitudes de la guerre, les difficultés de déplacements de chacun et les interdictions nombreuses, dont les photos,  expliquent facilement le cas. Heureusement pour nous, les témoins divers de cette époque sont encore présents pour nous en offrir quelques détails.
  Ce train fut construit principalement pour le transport de « matériaux » d’un point A à un point B passant par un point central 0 qui est le stade de Deauville près de la gare, pour une raison bien précise, que vous allez découvrir.  En annexe il transporta aussi quelques marchandises dont nous fournirons des témoignages. Il est communément appelé « VANDEWALLE », quoique ce nom soit bien peu connu; construit en 1942, il servit jusqu’aux 22 et 23 Août 1944, date de libération de Deauville puis Trouville .
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1°)  LE TRAIN

Il s’agit d’un train de type » DECAUVILLE  » vapeur, à charbon (en briquettes # voir témoignage Michel Hébert)  avec deux wagonnets basculants. Les photos présentées pour simple témoignage ne nous permettent pas la certitude du matériel. Decauville est un terme général qui désigne un type de train à voie étroite et copié dans le monde entier (voir notre 3° paragraphe).
Il faut préciser également que le nom  VANDEWALLE couramment utilisé est celui du constructeur de la ligne. Il en réalisa l’installation, pas le matériel ferroviaire. C’est aussi cette entreprise qui, après la guerre, reconstruit le pont de Trouville-Deauville dit « Pont des Belges ».
Nous voulons ici aller un peu plus loin sur ce sujet. Il est parfois de « bon ton » (ou mauvais historiquement?) de parler dans ce genre de dossier de « collaboration » avec l’ennemi !
 Nous ne prenons aucun parti ici, ça n’est pas notre rôle (et nous n’étions pas nés) mais il convient de préciser que toutes les entreprises qui ont du travailler pour les allemands entre 1940 et 1944 ne sont pas systématiquement des traîtres à leur pays. De nombreuses études ont été dirigées, par des chercheurs, universitaires, archivistes, historiens, qui montrent que souvent elles ont été  » contraintes  » et réquisitionnées. Par ailleurs il est mis souvent en évidence que des patrons, cadres et nombre d’ouvriers ont exercé une « Résistance » active et efficace. Plusieurs exemples de communication de plans ou d’informations stratégiques vers l’Angleterre et les alliés, ont pu être opérés avec succès, par ces hommes; nombreux  y ont laissé leur vie.
   Pour prendre un vrai recul, sans amalgame, nous vous recommandons un site (PDF à charger en cliquant sur ce lien)
LES ARCHIVES DES ENTREPRISES SOUS L’OCCUPATION : VANDEWALLE y est cité au chapitre Groupe Vinci page 196.
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2°)  LA LIGNE

    De type voie étroite de 1m la ligne dont le coeur (point 0) est situé à l’emplacement du Stade de Deauville, est reliée à la gare, elle même en face des quais et bassins de commerce.
Elle s’étire dans les deux sens :
A. Vers Trouville, Hennequeville, Cricqueboeuf, Pennedepie, jusqu’à Vasouy (pour la partie plage).
B. Vers Deauville, Clairefontaine, Tourgéville et le Mont-Canisy.
Son but stratégique étant de transporter depuis la plage de Cricqueboeuf- Pennedepie-Vasouy, les graviers* nécessaires au béton du MUR DE L’ATLANTIQUE: Dans notre cas les importantes installations de blockhaus, casemates et souterrains du Mont-Canisy.
Ce programme fut gigantesque !
* La transformation des galets en gravier va nécessiter un « concasseur » : il existe toujours, vous le verrez.
Travail de Gilbert HAMEL. voir sources et remerciements en fin d’article
agrandissement de la partie droite (itinéraire A de notre texte)
agrandissement de la partie gauche (itinéraire B de notre texte)
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3°)  AVANT LE DEPART DU TRAIN

Il convient à ce stade de préciser que notre site étant ouvert à tous, nous devons rester proches des « visiteurs »…
. Les plus lointains qui ne connaissent pas les lieux.
. Les plus proches, locaux, promeneurs, touristes ou résidents secondaires qui voudraient revoir ce trajet en voiture, bicyclette ou à pied (en deux fois c’est possible pour bons randonneurs).
Pour cette raison nous allons vous montrer « LE CHEMIN » à suivre. Munissez-vous de la carte, nous illustrerons le trajet de cartes postales anciennes et de photos prises aujourd’hui (Mai /juin   2019).
Sur les questions techniques, tout apport de spécialistes serait bienvenu. Les photos peu nombreuses et les documents écrits et authentiques inexistants, ne nous permettent parfois que des suppositions sur le matériel. Le terme DECAUVILLE nous l’avons expliqué est devenu un nom commun désignant un type de train, utilisé dans les mines, les chantiers, et développé longtemps dans nos anciennes colonies.
Certains éléments, partiels, de notre train peuvent aussi être d’origine allemande ou belge ?
La question des largeurs de voie est un problème de rayon de courbes, plus la voie est étroite, plus les courbes peuvent être serrées, ce qui facilite les trajets de ville.
Nous verrons aussi que la partie finale, du concasseur à la mer aurait été assurée par un autre train, de voie de 60 !
Pour honorer DECAUVILLE, ce grand constructeur français, voici quelques images avant le coup de sifflet. Ces images sont antérieures à notre sujet, mais permettent de situer dans le temps ce personnage.
☆ nous allons faire deux voyages
     A et B comme indiqués précédemment
     Les images seront donc numérotées :
     A1 A2 A3  etc. regroupées par sites de prise de vue sous le même numéro, anciennes et modernes, à chacun de nos « arrêts pour image ».
   Quelques distances (actuelles, auto) seront indiquées: très approximatives, les trajets train à travers champs n’étant pas chiffrables.
Bon voyage
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Point 0

Votre point O du voyage, dans les deux sens des trajets A ou B se situe au rond point dit « des jumelages » en face la gare, à l’entrée de la route dite « pénétrante.
En 1942/1944, la jonction des deux lignes se situe à cet angle stratégique en liaison avec la gare et les bassins. Seule une partie du stade existait, sur un ancien bassin comblé au moment de la construction des bassins actuels,  tous les autres terrains étant nus.
Sur une série de photos prises en juin 1944 par les avions anglais, voici Deauville et le point zéro de notre sujet.
Agrandie sur votre grand écran cette image vous permettra de visualiser la ligne place de la Gare et Avenue de la République.
Le Trajet A est considéré comme premier, puisqu’il nous emmène chercher des « graviers » à Pennedepie.
Ces graviers seront destinés à repasser par Deauville puisque leur usage sera le béton du Mont Canisy.
Un grand voyage en perspective.
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A1

Votre première direction vers Trouville ne vous interdit pas un café en face la gare, ou « Chez Emile » rue Thiers.
Laissant la gare sur votre droite, vous devez passer le pont.

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A2

Avant de « monter la côte » retournez vous une dernière fois vers Deauville pour un état des lieux !
Lorsque vous reviendrez, nous vous montrerons un autre paysage, désolé mais heureux de liberté, au lendemain de la libération.
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A3

PREMIER TEMOIGNAGE
Place du pont, pour vous diriger vers les hauteurs de Trouville, le train emprunte le Boulevard d’Hautpoul.
Faites de même (c’est la direction de Honfleur)…
A 70m sur votre droite au niveau du magasin Tryba se situe notre premier témoignage.
Hubert MOISY se souvient, ses parents étaient commerçants à cet endroit (Droguerie – Miroiterie) :
« Le train à vapeur est composé d’une locomotive sans tender, un compartiment à l’arrière de la loco contient le charbon, et suivent deux wagonnets pour le chargement.
Le train allant doucement dans ce début de pente, les enfants du quartier peuvent parfois « chaparder » quelques pommes de terre, ou autres aliments, sachant que le train ne peut s’arrêter ! Le conducteur râle, mais guère plus, heureusement. Prendre à l’ennemi n’est pas voler, et ce sont des enfants! Un peu de chance quand même. »
Notez donc que le train ne part pas à vide, chargés à la gare, du matériel et des aliments sont remontés vers les soldats allemands qui sont notre destination.
Le charbon de la locomotive est en briques d’environ 20×30 cm, il provient de la maison  Polinière dont l’établissement est situé quai du bassin (au point 0)
Bien entendu ce matériel est « réquisitionné ».
À certaines périodes (gel) les rails peuvent être sablés, le train alors va patiner et ralentir. Nous verrons plus loin qu’à certains endroits de forte pente, une deuxième locomotive sera nécessaire.
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A4

A moitié du Boulevard, un petit faux plat, vous découvrez sur votre droite l’église Notre Dame des Victoires:
elle fut érigée on le sait peu, grâce à l’activité intense de l’abbé Bourgeois (curé de Trouville, qui n’avait que l’église Saint Jean) auprès de Monseigneur l’évêque, du Préfet du Calvados et surtout d’une intervention parisienne à la Chambre des Pairs et auprès du Prince de Joinville dont il obtint le soutien pour la collecte des fonds.
(Cf. Une lettre trouvée récemment et signée de l’abbé Bourgeois).
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A5

En haut du Boulevard d’Hautpoul nous vous conseillons un arrêt, sur votre droite possible…
Vous êtes à ce moment à environ 1300m du point 0.
Voyez au coin de l’avenue Pierre Cassagnavère (Maire de Trouville après guerre) la résidence du Parc Cordier.
Le chemin en face de vous qui entre dans la résidence vous donnera l’occasion de bien vous situer.
C’est à cet endroit exactement que le train entre pour revenir ensuite sur ses pas un court instant.
C’est un peu la gare de triage du trajet.
Locomotive inversée, ainsi qu’une deuxième ajoutée si besoin à l’arrière car la montée sera longue, le train va repartir en descente, sur 50 mètres seulement, pour prendre à gauche l’avenue d’Eylau !
Retournez vous, vous voyez l’avenue sur votre gauche.
Il vous faut aussi la prendre…
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A6

Avenue d’Eylau, environ 1700m de votre point 0, prenez le temps de vous arrêter quelques instant devant le 32: de cette belle avenue de villa, vous aurez une vue générale assez exceptionnelle sur Trouville.
Photos possibles, en respectant la vue privée, bien entendu ! Toutes ces jolies maisons sont habitées, majoritairement par des résidents locaux.
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A7

Vers le BEAU-REGARD
A environ 2 km du départ vous voici au bout de l’avenue d’Eylau, à gauche rue Sir Bertand Russell * et le Collège René Coty (construit fin des années 50, puis devenu Ecole primaire à la construction du collège Charles Mozin).
Sur votre droite, piétons fatigués: l’escalier vous ramènera directement en centre ville!
Suivant l’endroit où vous allez vous arrêter, comme l’homme de la carte postale ancienne, vous trouverez différents points de vue, tous magnifiques.
Nous conseillons d’aller plus haut, où vous voyez la voiture blanche bien connue sur la photo récente:
Ce qu’il faut imaginer « devant Coty », c’est que tout cet espace était entièrement vide, sauf une ou deux maisons de l’avenue du Beau-Regard, aucune villa. Cela signifie que le train prenait cette pente au travers le plus droit, pour l’atténuer.
En prenant en face de vous cette avenue d’environ 200m vous allez rejoindre en même temps que le train, le Chemin de Callenville sur votre gauche.
Montez, on se retrouve … en A8.
* Sir Bertrand RusseIl (1872.1970) Maître de l’ Université de Cambridge, artiste, écrivain, homme politique et philosophe, collectionne aussi les citations celèbres:
     » Il faut mieux viser la perfection et la manquer, que viser l’imperfection et l’atteindre » .
 C’est dit : essayons toujours ? En tous cas sa longévité tendrait à prouver que l’esprit aide à conserver la forme … c’est déjà ça
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A8

CALLENVILLE
 Vous montez le Chemin de Callenville, c’est une des plus jolies promenades de Trouville. Soyez prudents, surtout à pied, aux heures de passage la circulation y est dense.
Tout en montant, ça vous calmera, pensez toujours que vous êtes dans un petit train, dont le conducteur est un  » soldat occupant et armé, de la Wehrmacht » !
Ce chemin est long, il vous mènera à la Croix-Sonnet.
En route sur votre gauche le portail bleu est le manoir de Lierremont, plus loin presque 1 km, sur votre droite une charmante propriété  « La Moisyère » ne sera pas sans rappeler notre ami le premier témoin.
Prenez ce lieu au n°22 comme repère, puis continuez de monter doucement jusqu’aux 27.29 (300m environ) à votre gauche, un espace permettra de vous arrêter quelques instants:  Soyez respectueux, et n’entrez pas dans cet herbage côté vallée, c’est une propriété privée.
Voyez nos photos, cet emplacement est rare et peu connu, même des trouvillais.
Le bâtiment que vous avez sous les yeux est construit (si vous effacez le toit) comme un blockhaus en béton.
C’en est un !
Il s’agit d’une importante station de radio allemande.
De part et d’autre de ce bâtiment technique on voit encore les traces des pylônes, tripodes, où les 3 socles sont encore en place. La hauteur selon notre témoin serait d’au moins 25/30 mètres.
 On peut imaginer en permanence au moins 4 ou 5 techniciens dans ce blockhaus  ?
Plus bas devant le bâtiment un autre bloc pyramidal est encore en place, probablement un plus petit pylône de descente de la ligne au bâtiment.
Tous ces blocs de béton, visibles sur nos images, le sont aussi du chemin.
Nous ne connaissons pour l’instant aucune des caractéristiques techniques de cette importante installation permettant d’émettre et d’écouter, bien « entendu » (sans jeu de mot). Les allemands ont tout détruit au moment de leur départ, nous le supposons, sinon les alliés auraient pu l’utiliser, et l’on en connaîtrait parfaitement les caractéristiques !
Toute personne qui serait apte à nous apporter des renseignements complémentaires vérifiés est la bienvenue. Nous ne manquerons pas  de citer (avec sources certaines ou témoins, svp).
En attendant le croquis ci-dessus donne une bonne idée de la disposition du lieu.
Plusieurs sites internet présentent des sujets sur la radio, mais le plus souvent sur un seul lieu majeur, celui de Bordeaux-Lafayette.
Voyez toutefois un bon travail plus général:
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A9

LE HAUT DE CALLENVILLE
Lorsque vous arriverez en haut du chemin de Callenville, vous aurez déjà fait au moins 4k500 de votre départ de Deauville, le paysage est entièrement nouveau et récent (XXIe siècle)
Rond point, à gauche zone industrielle avec les grandes entreprises locales (ici BLOT bien connus), et  le nouveau centre d’enseignement privé, Collège Lycée  Marie Joseph en face de vous.
Le train allait tout droit, sauf à pied vous ne pouvez le faire, il  vous faudra donc partir à droite puis faire le tour gauche des deux ronds points suivants,  direction:
Centre hospitalier de Cricqueboeuf et Honfleur.
Avant cela, il nous faut conter une nouvelle histoire:
C’est au niveau de ce site du haut de Callenville complètement modifié et méconnaissable que se situe l’événement suivant…
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A10

L’ ACCIDENT DU TRAIN
Les photos présentées ici sont uniques à plusieurs titres:
. Il était en principe interdit de photographier le train, et tout autre chose d’ailleurs concernant les allemands!
. Il s’agit d’un accident spectaculaire, et grave.
. La vue du matériel pourrait peut-être permettre à un spécialiste d’identifier le fabricant de la locomotive ?
( Nous sommes disponibles, merci. Toute information certaine est bienvenue).
Atout supplémentaire, un témoin a pu raconter son souvenir à MM. Hamel et Mangeant : je cite
   l’accident du petit train au chemin de Callenville.

Confirmé par M.Gosset un requis des allemands pour l’entretien de la voie ferrée.
    » Le circuit étant très pentu, et surtout à cet endroit un dénivelé qui oblige le doublement des locomotives.
Obligation du sablage des voies pour améliorer l’accrochage des roues.
Ce jour là il est décidé par le service entretien de ne pas sabler. Il faut savoir que même les conducteurs ont pris des risques. Au moment de l’accident une femme qui traversait la voie a été tuée. »
M. GOSSET, le 18 mai 1989.
C’est lui sur la photo.
On voit sur l’image les deux machines, dans l’album de souvenirs l’accident est clairement daté en juin 1943, et une indication signale « sabotage » … L’accident n’aurait alors aucun lien avec le lieu ou la pente ?
La Presse en dit-elle plus ? Peu de chance avec la censure de l’occupant. Il reste de cela un événement exceptionnel et photographié.
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A11

LA PLANCHE DE PIERRE
La route que vous empruntez alors vous emmène vers Pennedepie. Après être passés devant le centre hospitalier vous entamerez la descente dite de « La Planche-de-Pierre ».
Peu d’intérêt en lien avec notre sujet, elle est rapide et la circulation importante la rend plutôt dangereuse… difficile de s’y arrêter sauf dans la dernière partie où la vue sur la vallée et la Baie de Seine peut permettre quelques jolies images.
Cette côte est préférée des cyclistes amateurs dans le sens de la montée ! Tous les enfants de la région s’y sont essayés.
En bas de la côte cette route va rejoindre la route de Trouville à Honfleur à la sortie de Cricqueboeuf vers Pennedepie. Ralentissez, le 2e chemin sur votre droite mérite cet arrêt « témoignage ».
Vous pouvez aussi stationner à gauche sur une aire aménagée, et même descendre à pied jusqu’à la mer.
Dans ce chemin de droite donc, vous voyez l’entrée du manoir de Blosseville.
En bas à l’angle se trouvait la maison où est né Michel HÉBERT (En 1937) . De l’autre côté du chemin, dans le sous bois, plus loin sur la droite de la route se trouve le  » concasseur « . Vous ne le verrez pas, il est caché par la végétation.
Nous avons rencontré Michel HEBERT fin juin, il se souvient de quelques détails:
. Son père allait la nuit voler quelques briquettes de charbon aux allemands ! Ce qui pouvait être fort risqué?
. Le train entrait dans le champ qui n’était que peu boisé à cette époque, et les wagons après être déchargés de leur marchandise, étaient remplis du gravier en entrant sous le concasseur.
Nous en reparlerons en A12
. A la fin de 1943, les armées allemandes avaient ramené du Front de l’est des « Mongols » * .
La maison des Hebert fut alors réquisitionnée pour loger les Mongols. Expulsés ils ne revinrent qu’après guerre pour trouver une maison dévastée en totalité.
Par exemple, tout ce qui était en bois, portes, fenêtres et parquets avaient été brûlés en chauffage.
On nous dit  également d’autre témoignage qu’une grande partie des maisons de Villerville furent aussi réquisitionnées.
 *   L’histoire des Mongols ou « Osttruppen » est connue aussi sous le nom de « Armée VLASSOV ». Rustres, sauvages et violents, en particulier à cause d’une forte consommation d’alcool, ces troupes de supplétifs non armés étaient craintes des allemands eux-mêmes!
  Il faut en retenir que ce terme de « Mongols » (parfois aussi lu « Tartares »)  est un mot générique populaire, venant du fait que la majorité de ces hommes étaient de type asiatique, mais  il n’y avait pas de Mongols dans cette « LEGION DU TURKESTAN ». On parle le plus souvent des Ouzbeks, Turkmènes, Kirghizes, Kazaks ou Tadjiks par exemple.
Voyez pour aller plus loin dans l’histoire:
Valentin SCHNEIDER
CRHQ Université de Caen
Les divisions allemandes en Basse-Normandie
Et aussi
Ce deuxième site moins précis historiquement présente cependant des photos très intéressantes.
Anecdote de Hubert MOISY:
« Ils croyaient (on leur avait fait croire) que LE HAVRE visible en face était l’Angleterre! »
Ce qui peut paraître fort plausible pour des gens venus de si loin (On l’a encore vu assez récemment avec de simples touristes assez naïfs il est vrai!)
« Certains ayant « emprunté » des barques pour voir de plus près, périrent noyés en Baie de Seine. Ils ne savaient pas nager, et quand bien même, en hiver l’estuaire et son courant ne pouvaient leur laisser aucune chance »
Enfin témoignage extrême de rareté, Hubert nous propose une photo des dits Mongols prise juste devant l’entrée du manoir de Blosseville.
(Le Domaine de Blosseville est un lieu hôtelier de Réception et de Cérémonies, il n’est pas notre place d’en faire publicité, mais vous retrouverez facilement ce joli lieu sur internet).
Collection Hubert MOISY
 » Tout le monde en avait la trouille (sic) y compris les allemands qui leurs donnaient des armes mais pas de cartouches !  »  (H.M. juillet 2019)
Cette unité fut envoyée en 1944 sur les zones du  débarquement et complètement anéantie.
Ceci va nous amener au concasseur.
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A12

LE CONCASSEUR
A une bonne centaine de mètres dans le sous bois se trouve encore le concasseur:
cette intéressante image fur prise lorsqu’il n’était pas encore trop caché par la végétation.
On y voit le tunnel au centre pour le chargement des wagons, et une idée générale de l’importance de ce bâtiment.
Les « cailloux » souvent appelés par erreur galets qui est un terme générique, sont en fait des silex. Ils sont récoltés sur les plages entre Villerville et Vasouy.
Si vous avez le temps, en laissant votre voiture sur l’aire, ou bien au Parking de la Mairie de Pennedepie, faite le tour à pied en partant par un chemin et retour pas l’autre.
Michel HEBERT à nouveau nous apporte quelques détails:
. Un ruisseau qui arrive à cet endroit serait l’origine de cette implantation précise. Les allemands ayant réalisé un petit barrage pour alimenter le concasseur en électricité.
. C’est un autre train qui va du concasseur jusqu’à la plage : il est rouge ! C’est peut-être un détail qui pourrait permettre d’identifier le fabricant de ce 2e train ?
 Des trains allemands ont aussi pu être utilisés, on en connaît dans d’autres régions.
Voyez à ce sujet un Pdf sur les trains militaires voie de 60: cliquez ici pour chargement.
Il empreinte la route quelques centaines de mètres pour descendre à la plage par le Chemin qui part au Moulin Saint Georges (restaurant).
Nous pensons aussi de manière quasi certaine que ce train différent est de voie de 60cm. Des rails retrouvés des deux lignes, montreraient qu’ils sont aussi de section beaucoup plus faible. Nous connaissons bien cet autre témoin, et espérons pouvoir bientôt vous les montrer.
Avant de visiter la plage, si vous voulez en savoir plus sur les concasseurs, il apparaîtrait que celui de Pennedepie soit un concasseur à percussion.
Pour aller vraiment plus loin, un lieu exceptionnel en France conserve historiquement plusieurs concasseurs dans le Sud de la Bretagne. Ils ont servi à toutes les constructions bretonnes.
Voyez sur internet
Et aussi:
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A13

LES PLAGES
En partant du restaurant LE MOULIN SAINT GEORGES descendez aux plages de Vasouy, Pennedepie, Cricqueboeuf avec vue jusqu’à Villerville.
Les silex sont bien visibles, ils sont ici depuis les temps les plus anciens où l’estuaire était bien plus étroit. On parle ici de plus de 500m à 1km par endroits, de terres supplémentaires. C’est cette érosion du fleuve et des marées, qui fait ressortir ces silex millénaires.
Vous avez terminé ce premier voyage … à la mer.
Vous pouvez rentrer par la route de la Côte, Villerville, Hennequeville puis TROUVILLE. C’est magnifique, attention la route peut être très « bosselée » par endroits, résultat des érosions et de la terre qui bouge beaucoup.
Les piétons très bons marcheurs peuvent aussi passer par les plages: prudence toutefois, se munir d’horaire des marées, le passage n’est pas possible à haute mer, donc dangereux. (Environ 9km en ligne droite de Pennedepie à Trouville, soit 2 à 3 heures).
Le train lui, chargé de ses graviers, repart vers Deauville par le même chemin, il est attendu au Mont Canisy par le trajet suivant… rendez-vous est donc pris à nouveau au point Zéro.
Au pont de Trouville, nous ferons un dernier arrêt historique avant le trajet B.
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A14

LE PONT
Fin de ce premier voyage:
Vous voyez sur cette image le Cinéma de la Place du Pont, il est détruit lors de l’explosion du pont.
A la libération de Deauville puis Trouville le lendemain, 22 et 23 août, le pont qui avait été détruit est ici photographié. Ces images sont très connues, elles contribuent à notre sujet dans le sens où l’on y voit très nettement les rails.
Nous avons indiqué dans notre introduction que la construction du chemin de fer était de la Société VANDEWALLE, et qu’elle fut également chargée de la reconstruction du pont.
Dans un « petit annuaire » de nos collections, daté de 1939 (3392 pages seulement) nous avons retrouvé la trace de cette société au chapitre « Entrepreneurs de Travaux Publics »  page 1889:
VANDEWALLE et C°
7, rue Henri Rochefort
PARIS (17e)
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Point 0 du trajet B

De votre point 0, rond point des jumelages, vous êtes garés sur le parking face au bassin.
Regardez donc côté bassin, avant les guerres,  pendant une période de grande animation.
Les fûts, le bois, les grues, tout ce qui ne vient pas de la gare, arrive pas bateau.
Bois du Nord (Norvège principalement comme à Honfleur) et charbon d’Angleterre. Sur la carte plus ancienne avec le chargement d’un boeuf vous pouvez distinguer en arrière plan le quai de déchargement avec plusieurs tas de charbon: voici de quoi faire démarrer le train.
Allons-y… sans quitter le parking
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B1

HOTEL CONTINENTAL
Du parking avant de partir, voyez l’hôtel Continental: il est en grands travaux en ce moment pour une rénovation de « prestige ». Il s’appelait  autrefois Hôtel de L’Europe.
Sur la 4e carte postale (n°191) vous voyez l’omnibus de Villers-sur-mer … c’est votre chemin: en voiture, ou à pied, suivez-le Avenue de la République.
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B2

LA SALLE DES FETES
Sur votre droite la Salle des fêtes à l’architecture bien particulière (ancien Temple à la construction de Deauville).
Elle fut entièrement rénovée dans les années 60. Salle d’expositions ou spectacles (on a vu à cette époque Veillée du Lycée, ou Bals divers).
L’agence Roux,  au 50 de l’Avenue de la République vous proposait un choix de résidences et de commerces !
Continuez, tout droit jusqu’à l’Eglise.
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B3

L’ÉGLISE
Sur votre gauche, l’église construite au début de Deauville (1861) n’a que peu changé, si ce n’est la configuration des jardins, et la circulation des véhicules.
En face, les commerces.
Continuez tout droit.
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B4

CLINIQUE SAINT FRANCOIS
Deux vues, avant et après guerre de la Clinique Saint-François.
Dans le même arrêt, deux lieux bien connus des deauvillais, qui ont un lien affectif avec les auteurs.
. La clinique Saint François était la seule de Deauville. J’y suis né ! Rien d’extraordinaire à cela, c’est le cas de nombreux enfants de l’époque. Il y avait aussi l’hôpital de Trouville. Le seul détail qui fasse la différence, pour un collectionneur, est que j’ai  » LA FACTURE  » :  c’est donc le document de papier personnel le plus ancien que je possède…
. Juste en suivant toujours sur votre gauche, existait l’orphelinat Saint Joseph, école privée des soeurs franciscaines.
(Sylvie y est allée à l’école dans les années 70).
Ces bâtiments très importants, et la Chapelle, font l’objet de vastes rénovations.
L’architecture de très grande taille offre des possibilités que la Ville de Deauville a saisies pour un grand projet muséal, culturel et artistique. Il y a un potentiel magnifique et tous nous souhaitons un résultat à la hauteur de ces belles ambitions.
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B5

CLAIREFONTAINE
Au 2e feu après les « franciscaines », au niveau du Supermarché vous tournez à gauche, direction Clairefontaine:
. Le champ de course de Clairefontaine-Deauville est le deuxième champ de courses de Deauville quoiqu’il soit situé sur la commune de Tourgéville. Construit après celui de Deauville, il dépend d’une autre société de Courses (Le Pays d’Auge) et offre une bonne diversification puisqu’il accueille en plus du galop, les courses de trot et d’obstacles .
Ce lieu mérite d’y revenir un jour de courses, abondamment fleuri, il n’est pas prétentieux de dire que c’est un des plus beaux de France ! Vous ne regretterez votre visite.
Mais notre train… Nous allons le perdre, hélas !
. Voyez votre carte. Pour des raisons de pente abrupte, il va filer à travers les terrains situés derrière le champ de course.
Au niveau du château Gabriel il repartira dans l’autre sens avec une deuxième locomotive.
Même type de manoeuvre que nous avons vue au Parc Cordier dans le trajet vers Pennedepie en A5.
Vous,  montez par la route qui se trouve derrière le champ de courses (ligne verte sur le plan).
entrée du château Gabriel
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B6

LE MONT CANISY
Si vous avez bien suivi nos indications vous retrouvez le train à la Croix-Solier .
Vers la droite vous suivez le train, en passant devant Les Caillouets et rejoignez le lieu de construction des blockhaus, où les bétonniéres attendent leur gravier.
En arrivant à la Croix-Solier, arrêtez-vous quelques instants: en regardant vers la mer plan en main, la vallée vous donnera une idée du parcours du train sur cette pente « plus douce » que la route empruntée en voiture.
Continuez votre route (voiture blanche guide) vous découvrez plus loin à droite  » Les Caillouets ».
1 image
Quelques centaines de métres vous amènent enfin sur votre gauche au site des BATTERIES DU MONT CANISY.
A ce moment, la visite du Mont Canisy et de toutes ses installations n’est plus de notre ressort: une très efficace association réalise cela parfaitement, sous l’ instigation de M.VERBAUWEN et d’un groupe de passionnés.
Ce site est protégé, préservé et parfaitement entretenu, il se visite: voyez le site internet très bien documenté, il vous donnera toutes les informations utiles.
LES BATTERIES DU MONT CANISY
En été les visites sont tous les lundis après-midi, il est nécessaire de réserver.
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POUR CONCLURE

Ceux qui veulent aller plus loin dans leur promenade ne manqueront pas les autres visites du Mont Canisy.
L’ÉGLISE du Vieux Deauville, celle magnifique de Saint Arnoult, les jardins Gulbenkian de la ville de Deauville etc.
Tout ceci est question de Tourisme classique, chacun y trouvera son bonheur: voyez l’office de Tourisme de Deauville… tiens ! Ça tombe bien, retour à la case départ, c’est au point 0 de nos deux voyages.
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POST SCRIPTUM « images »

Ce que les allemands pouvaient voir depuis leurs batteries.
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REMERCIEMENTS

. Nous remercions Gilbert HAMEL pour le plan et les nombreuses informations ainsi que les photos du train.
. Les témoins Hubert MOISY et Michel HEBERT
. Angèle HEBERT et ses enfants, de Cricqueboeuf
. L’Association des Amis du Mont Canisy pour l’énorme travail effectué depuis de nombreuses années.
Textes, cartes postales et images « reportage actuel » (mai juin 2019)  de Sylvie et Michel CATHERINE.
Technique et mise en ligne de Bruno BONNET
La photo titre fut prise après la guerre, le personnage est M. DRENO (propriétaire d’une villa deauvillaise).
Tout renseignement utile et complémentaire peut être ajouté, n’hésitez pas à nous contacter.
Voir ci-dessous liste de suggestions :
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.LES QUESTIONS # DES RECHERCHES A CONTINUER

. La marque des locomotives
. Le nombre de machines (on pourrait être autour de 8 à 10)
. La périodicité des voyages (En période de pointe Hubert MOISY suggère possible 1 par heure?)
. Le nombre de soldats allemands occupés à ces tâches.
. Des témoignages de réquisitionnés locaux ?
. On recherche aussi des PHOTOS d’époque.
Cpl14.fr ,  juillet 2019

5 Comments

  1. analyses et documentaires précieux permettant le lien avec les temps actuels bien bouleversés et qui mériteraient une diffusion plus large.
    Merci pour le travail accompli .

  2. Cette publication est très plaisante à consulter et extraordinairement documentée, vu le sujet. L’idée d’un « guide de randonnée historique » est excellente. Bravo à tous les témoins, documentalistes, auteurs, et au webmaster !
    Comme le dit « Darlix », une diffusion plus large (style plaquette ?) serait probablement bien accueillie.
    Un dauphinois.

  3. Un voyage dans le passé sur un sujet local inconnu de beaucoup je pense. Merci aux auteurs, c’ est un travail effectué en profondeur, chaque texte a son accompagnement visuel ce qui aide bien le lecteur même si on est de la région !
    Bravo aussi pour le côté un peu ludique qui donne tout de suite envie de prendre la route…
    Souhaitons que d’ autres destinations nous attendent.

  4. Suite à un problème technique, un de nos lecteurs n’a pu laisser son commentaire directement sur notre site. Voici ce commentaire:
    Pour moi j’avais 7 ans et mon univers était limité. Il partait du restaurant Moulin Saint Georges jusqu’au carrefour de la Planche de Pierre Cela s’arrêtait là et je suis très heureux découvrir le reste du parcours et d’avoir modestement participé à ce projet par mon témoignage. Merci à Mr Michel Catherine auteur de ce reportage
    Michel HEBERT

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